Sollers : "Le Voyage au bout de la nuit est un scandale immédiat, c'est le premier grand roman de l'absurde"

Portrait daté du 12 octobre 1951 à Paris de l'écrivain Louis-Ferdinand Céline  ©AFP
Portrait daté du 12 octobre 1951 à Paris de l'écrivain Louis-Ferdinand Céline ©AFP
Portrait daté du 12 octobre 1951 à Paris de l'écrivain Louis-Ferdinand Céline ©AFP
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En 1980, l'écrivain Philippe Sollers proposait une promenade dans les pas de Louis-Ferdinand Céline à Paris, premier volet d'une série de 3 consacrée aux lieux où vécut l'écrivain : l'émission s'intitulait "Un homme une ville, Céline à Paris, Ferdinand le démystificateur".

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En 1980, Jean Montalbetti consacrait une série en trois volets de "Un homme une ville" à Louis-Ferdinand Céline. Philippe Sollers jouait le rôle du guide sur les traces de Céline à Paris, Copenhague et Meudon. Sollers et Céline l'histoire est ancienne. En 2009, Phiippe Sollers écrivait dans son Céline : Malgré la réputation d'homme de droite infréquentable de Céline, alors que son biologisme, c'est ainsi qu'il faudrait définir son racisme, me paraissait en total désaccord avec son génie d'écrivain, j'ai persisté à l'admirer avec constance. On peut dire aussi [...] que pour le maoïste que j'étais il y avait beaucoup de Chine dans Rigodon.

Dans ce premier volet, c'est à Paris en compagnie de René Héron de Villefosse, historien de Paris ami de Céline et de Dominique Rolin, écrivain qui fut proche de Robert Denoël (éditeur du Voyage au bout de la nuit, de Mort à crédit, de Guignol's band et et aussi des pamphlets antisémitismes) que Philippe Sollers raconte le lien entre Céline et la capitale.

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La promenade débutait place de Clichy, se poursuivait rue d'Alsace, Passage Choiseul et se terminait à Montmartre, rue Gigardon.

Philippe Sollers évoquait le destin de Céline :

Céline a toujours dit que toute sa vie avait été déterminée par la publication du Voyage au bout de la Nuit ; [...] il le dit d’une façon extrêmement violente finalement tout ce qu’on lui a reproché par la suite, ses pamphlets, son engagement politique, son racisme, son antisémitisme, toute cette espèce de passion bizarre qui va l’emporter et lui faire connaitre l’exil, la répression, l’exclusion nationale, il dit que ce n’est pas cela qui est important mais Le Voyage au bout de la nuit : « le seul livre vraiment méchant que j’ai jamais écrit c’est Le Voyage au bout de la nuit », disait-il.

Il poursuivait sur le personnage de Bardamu, héros du Voyage au bout de la nuit qui démystifie totalement la guerre, il est un anti-héros qui est le premier à avouer sa haine et sa peur de la guerre ainsi que son côté dérisoire :

Bardamu voilà un héros qui ne fait jamais l'apologie de son héroïsme et qui se définit toujours comme un con, le mot est prononcé tout le temps, comme un con qui a été entraîné dans tout ça par sa connerie et la connerie universelle. Le Voyage au bout de la Nuit c'est un scandale immédiat avec cette petite phrase courte ramassée, triviale, populaire, c'est le contraire du discours ronflant académique à la Montherlant [...] il y ensuite le trouble dans la représentation bien-pensante de la guerre et de la nation, c'est un défi ouvert à la nation française et à toute l'humanité. C'est le premier grand roman de l'absurde.

  • Production : Jean Montalbetti
  • Un homme une ville - Céline avec Philippe Sollers
  • 1/3 : Céline à Paris, Ferdinand le démystificateur
  • 1ère diffusion : 04/07/1980
  • Indexation : Documentation sonore de Radio France
  • Archive INA-Radio France

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