En quoi consistent les limites planétaires ? 

Le 5 mai 2022 la sixième limite planétaire a été franchie. ©Getty - Crédits : dinn
Le 5 mai 2022 la sixième limite planétaire a été franchie. ©Getty - Crédits : dinn
Le 5 mai 2022 la sixième limite planétaire a été franchie. ©Getty - Crédits : dinn
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Qu’est-ce qu’une limite planétaire ? Fin avril 2022, une étude parue dans la revue "Nature" révélait que l'humanité avait franchi la sixième limite planétaire sur un total de neuf limites planétaires conceptualisées par les scientifiques.

Avec
  • Emma Haziza Hydrologue, fondatrice et présidente de Mayane

Comme le révélait une étude publiée dans la revue "Nature", jeudi 28 avril 2022, la sixième limite planétaire vient d’être franchie. Celle concernant le cycle de l’eau douce. Il y a quelques mois à peine, en janvier 2022, l’homme avait déjà franchi la cinquième limite planétaire, celle de la pollution chimique. Au total, neuf limites sont élaborées. Il ne nous en reste donc, plus que trois. Qu’est-ce qu’une limite planétaire ? Comment et quand cette notion a-t-elle été conceptualisée ? Une limite franchie, est-ce irréversible ?

Guillaume Erner reçoit Emma Haziza, hydrologue, fondatrice et présidente de Mayane, centre de recherche consacré à l'adaptation face aux risques majeurs, notamment face au réchauffement climatique.

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Vous pouvez écouter l'interview en intégralité en cliquant sur le player en haut à gauce

Les neuf limites planétaires

Emma Haziza explique qu’une limité planétaire est un seuil à partir duquel l’humanité ne risque pas de compromettre les conditions favorables dans lesquelles elle a pu évoluer jusque-là.

"La première limite du changement climatique est aujourd’hui clairement dépassée", indique-t-elle, "comme le montre la hausse des températures en Indes ou au Pakistan. La limite concernant la biodiversité est elle aussi atteinte, avec une chute drastique non seulement des espèces mais également de leur variété et de leur multiplicité". L’hydrologue estime que la limite concernant le cycle de l’azote et du phosphore a elle aussi été franchie.

Le cycle de l’eau douce et la pénurie d’eau verte.

L’eau bleue et l’eau verte constituent les deux catégories de l’eau douce. "L’eau verte, constituée dans nos sols, n’a pas été considérée ces dernières décennies. C’est une eau qu’on ne maîtrise pas, contrairement à l’eau bleue des lacs, des rivières et des nappes phréatiques mesurée à l’aide de capteurs qui calculent les débits des rivières ou les niveaux des nappes. Avec le changement climatique et l’augmentation des températures, la désertification et l’aridification menacent l’eau des sols".

L’aridification, avec la pénurie d’eau verte, est généralisée selon Emma Haziza et touche tous les continents. "La Chine a notamment vécu sa pire sécheresse l’année dernière. Les géants de l’eau que sont les Brésil et le Canada découvrent qu’ils sont eux-mêmes extrêmement vulnérables".

Et maintenant ?
5 min

L’incapacité des sols à retenir l’eau

L’hydrologue estime cependant que la terre est extrêmement résiliente. "À l’état naturel, elle retrouve un équilibre très rapidement. Il faut donc lui laisser le temps". Le phénomène de salinisation des sols les rends incapables de stocker l’eau. "Nos sols sont quasiment morts du fait de l’usage de pesticides et de la logique de monoculture à l’œuvre à peu près partout dans le monde : ils ne retiennent plus les eaux".

Une fois évaporée dans l’air, cette eau forme de la vapeur d’eau qui est le premier gaz à effet de serre rappelle Emma Haziza. Cette eau retombe une semaine après, en général sous la forme de pluies violentes avec des effets de ruissellement. Elle accentue aussi l’augmentation du niveau des océans, estimée à 30%. "On change peut-être de réservoirs mais ce ne sont sans doute pas les bons pour nous".

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