De Barkhane à Wagner : le retour du « Grand Jeu » : épisode • 1/4 du podcast Sahel : la nouvelle donne

Manifestation contre l'influence française à Bamako le 27 mai ©AFP - Michele Cattani
Manifestation contre l'influence française à Bamako le 27 mai ©AFP - Michele Cattani
Manifestation contre l'influence française à Bamako le 27 mai ©AFP - Michele Cattani
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Au Sahel, la fin de l'opération Barkhane, précipitée par le déploiement au Mali des paramilitaires de la société Wagner, témoigne de la guerre d'influence qui se joue entre la France et la Russie. Comment l'Afrique est-elle en train de devenir un terrain d'affrontement entre les puissances ?

Avec
  • Élie Tenenbaum Directeur du Centre des Études de Sécurité de l’IFRI
  • Seidik Abba Journaliste et écrivain nigérien, président du Centre international d’études et de réflexions sur le Sahel (CIRES)

C’est sur fond de sentiment anti-français et de crise diplomatique avec la junte malienne que le gouvernement français avait décidé de redéfinir ses objectifs de coopération avec les États sahéliens. Mais cela ne signifie pas pour autant que le Mali sera seul à relever le défi de l’insécurité, puisque d’autres acteurs ont l’ambition de compter dans la zone. C’est le cas en particulier de la Russie avec sa société privée Wagner. Depuis 2021, ses mercenaires ont débarqué dans le pays et participent même activement à des opérations auprès des Forces armées maliennes, laissant craindre le pire alors que des soupçons d’exactions pèsent déjà sur les combattants russes.

Que sait-on des méfaits commis par ces mercenaires étrangers ? Quelles responsabilités pour les forces maliennes elles-mêmes ? Pourquoi le Mali a-t-il fait le choix d’aller chercher d’autres soutiens extérieurs alors que la France lui prêtait main forte depuis longtemps ? Quels sont les autres états qui cherchent à s’implanter dans la région et avec quelle stratégie ? 

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Florian Delorme reçoit Elie Tenenbaum, directeur du Centre des Etudes de Sécurité à l’IFRI et Seidik Abba, journaliste et spécialiste de la région du Sahel. 

"Au Mali nous sommes dans une guerre informationnelle sans pitié entre la Russie et la France où tous les coups sont permis, y compris la fabrication de preuves ou la recherche d’influence dans les médias locaux... On peut également évoquer la mise en place de relais dans les pays du Sahel à travers les réseaux sociaux pour relayer les informations de l’un ou de l’autre camp" explique Seidik Abba. 

"Pour comprendre la relation entre les dirigeants maliens et la Société Wagner, il faut l’analyser à travers le prisme de la sécurisation d’un régime, issu d’un coup d’Etat et mis sous pression internationale, qui se sent menacé" analyse Elie Tenenbaum.

Le focus du jour

Les enjeux du redéploiement de l’armée française au Niger

Soldats français déployés au Mali le 7 décembre 2021
Soldats français déployés au Mali le 7 décembre 2021
© AFP - Thomas COEX

Alors que la France prépare son départ du Mali qui devrait être effectif avant la mi-août 2022, l’armée française compte se redéployer et accentuer sa collaboration avec le Niger qui apparait aujourd’hui comme l’allié le plus sûr et le plus « fréquentable » dans la poursuite de la lutte contre le terrorisme au Sahel. Mais si la France entretient de bonnes relations avec le le président Mohamed Bazoum, elle devra faire face à la montée du sentiment anti-français et prouver son efficacité opérationnelle, mais aussi prendre en compte dans sa nouvelle stratégie la volonté des Etats africains de diversifier leurs partenariats de coopération militaire.

Avec Niagalé Bagayoko, politiste et présidente de African Security Sector Network.

"La question qui se pose est celle du type de coopération pouvant se mettre en place entre la France et le Niger. Si la France était extrêmement présente militairement au Mali, elle l’a beaucoup moins été côté nigérien. Les exigences de l’armée et des autorités politiques en termes de respect de la souveraineté sont élevées, et la France devra s’y adapter" observe Niagalé Bagayoko.

Références sonores

  • Les 300 soldats français établis sur la base de Gossi remettent les clefs de celle-ci aux forces armées maliennes (Africanews, 22 avril 2022)
  • Extrait de la conférence de presse du colonel Souleymane Dembele, directeur de la Direction de l’Information et des Relations Publiques de l’armée malienne qui accuse l’armée française d’espionnage dans le contexte de la découverte du charnier de Gossi (TV5 Monde, 02 mai 2022)
  • Le colonel Pascal Ianni, porte-parole du chef de l’Etat-Major de l’armée française dément ces accusations et considère que le groupe Wagner est à l’origine de ce charnier (TV5 Monde, 02 mai 2022) 
  • Vladimir Poutine évoque les liens entre l’Etat russe et le groupe Wagner (RFI, 08 février 2022)
  • Le président du Niger Mohamed Bazoum affirme que les troupes francises seraient bienvenues à la frontière avec le Mali (DW, 25 février 2022)

Références musicales

  • « Slowlight » de Christian Löffler (Label : Ki records)
  • « Desert melodie » de Songhoy Blues (Label : Transgressive)

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