Iran : "l’économie de la résistance" à bout de souffle : épisode • 3/4 du podcast Sanctionne-moi si tu peux

Une femme passe devant un portrait mural du Guide Suprême Ali Khamenei ©AFP - ATTA KENARE
Une femme passe devant un portrait mural du Guide Suprême Ali Khamenei ©AFP - ATTA KENARE
Une femme passe devant un portrait mural du Guide Suprême Ali Khamenei ©AFP - ATTA KENARE
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Le rétablissement des sanctions américaines en 2018, suite à la sortie des États-Unis de l'accord sur le nucléaire, a considérablement fragilisé l'économie iranienne. Isolé, Téhéran tente de promouvoir une "économie de la résistance" comme réponse aux sanctions.

Avec
  • Théo Clément chercheur indépendant, spécialiste du développement économique de la Corée du Nord
  • Azadeh Kian Professeure de sociologie, directrice du département de sciences sociales et du CEDREF à l'Université de Paris
  • Thierry Coville Chercheur à l’IRIS, spécialiste de l’Iran

Deux ans après le mouvement de révolte populaire qui avait secoué le pays en novembre 2019, la colère gronde à nouveau en Iran où des manifestations ont eu lieu dans plusieurs provinces pour protester contre l’inflation et la dégradation des conditions de vie. Il faut rappeler que, dans le sillage du retrait en 2018 des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien décidé par Donald Trump, l’administration américaine a rétabli les sanctions à l’endroit de la République islamique d’Iran, poussant un peu plus la population dans la précarité. Effondrement de la monnaie, exportations en berne, avoirs gelés... Le pays est une fois de plus contraint de ne compter que sur ses propres forces pour s’en sortir. Un handicap que les dirigeants tentent depuis des années de transformer en stratégie, construisant progressivement une "économie de la résistance" qui semble aujourd’hui avoir atteint ses limites.

Quel est l’état de la colère sociale ? Jusqu’où peut-elle déstabiliser le régime ? Quel bilan peut-on faire de l’impact du retour des sanctions sur l’économie iranienne depuis quatre ans ? Qu’est-ce que les iraniens peuvent attendre des négociations et à qui pourrait profiter une éventuelle levée des sanctions ?

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Florian Delorme reçoit Azadeh Kian, professeure de sociologie et directrice du département de sciences sociales et du CEDREF à l'Université de Paris et Thierry Coville, chercheur à l'IRIS et spécialiste de l'Iran.

"Les sanctions américaines expliquent la majorité des difficultés macroéconomiques rencontrées par l'Iran depuis 2018. En 2016, les recettes pétrolières iraniennes représentent 35% des recettes de l’Etat. En asséchant ses exportations pétrolières, qui sont passées de deux millions de barils par jour à 150 000 barils entre 2018 et 2020, les sanctions ont fait perdre à l’Iran plus du tiers de ses recettes budgétaires" explique Thierry Coville.

"Les infrastructures pétrolières et gazières de l’Iran ne sont pas en mesure de produire autant de pétrole qu’avant. Même si les Américains décidaient de lever les sanctions, l’Iran ne pourra donc pas du jour au lendemain exporter autant de barils qu’auparavant. L’embellie économique ne sera pas automatique" analyse Azadeh Kian.

Le focus du jour

Corée du Nord : des missiles plutôt que des vaccins.

Missile nord-coréen tiré le 16 avril 2022
Missile nord-coréen tiré le 16 avril 2022
© AFP - AFP PHOTO/KCNA VIA KNS

Quelques jours après la visite officielle du Président américain Joe Biden à Séoul, la Corée du Nord a procédé le 25 mai 2022 mai à trois nouveaux tirs de missiles balistiques. Malgré l’épidémie de Covid qui vient de s’abattre sur son territoire et en dépit des inquiétudes exprimées par l’ONU pour la population nord-coréenne - très peu vaccinée - le régime semble déterminé à poursuivre non seulement son programme nucléaire mais aussi sa stratégie de provocation. Ainsi Kim Jong-un, fidèle à sa ligne, a-t-il décliné les propositions d’assistance offertes par les États-Unis comme par la Chine. Les nouvelles sanctions que viennent de décréter les États-Unis - malgré les vetos russes et chinois – pourraient-elles faire dévier Kim de sa trajectoire ou, au contraire, le renforcer ?

Avec Théo Clément, consultant international spécialisé sur le commerce illicite et les sanctions.

"Les premières sanctions contre la Corée du Nord datent de 1950. Toute l’économie de la Corée du nord a toujours vécu sous sanctions internationales, ce qui a participé à nourrir l'idéologie d'un régime promouvant une économie de la résilience qui ne dépend pas de l’étranger. Il est donc difficile de mesurer l’impact du durcissement des sanctions de 2016 et 2017" observe Théo Clément.

Références sonores

  • Témoignages sur la vie chère (Radio free Europe, 27 mai 2022)
  • Le Chef de la diplomatie chinoise Wang Yi à évoque la relation chinoise avec l'Iran
  • Antony Blinken, secretaire d’Etat américain et Kamal Kharrazi, diplomate et ancien ministre des Affaires Etrangères iranien (27 mars 2022 / Reuters)

Références musicales

  • Roman Flugel – Cluttered homes /2021 / Running Back
  • Liraz – Bia bia (Viens viens)

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