De "Sissi" au "Sans-souci", visite guidée de l’exposition Romy Schneider à la Cinémathèque française

Romy Schneider, 1964. Photo Will McBride copy. Shawn McBride - Crédit Cinémathèque Française
Romy Schneider, 1964. Photo Will McBride copy. Shawn McBride - Crédit Cinémathèque Française
Romy Schneider, 1964. Photo Will McBride copy. Shawn McBride - Crédit Cinémathèque Française
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Ce samedi dans Plan Large nous vous proposons une déambulation au cœur de l'exposition que la Cinémathèque française consacre à Romy Schneider. Nos guides pour nous parler de cette icône du 7e Art sont Clémentine Deroudille, Faustine Saint-Geniès, et N.T. Binh.

C’est une star absolue, une icône des années 70, l’incarnation de la femme française, moderne, libre et épanouie. C’est en tout cas l’image qu’on garde d’elle, grâce notamment à la rediffusion constante de ses films à la télévision, quarante ans après sa mort prématurée. Mais Romy Schneider ne s’est pas construite en un jour, ce fut le résultat d’une réinvention permanente de celle qui, née Rosemarie Magdalena Albach dans la Vienne de l’Anschluß, de parents vedettes du cinéma du IIIe Reich, fut d’abord la petite fiancée autrichienne du cinéma allemand renaissant après-guerre, celui des heimatfilms et autres opérettes bavaroises, ces « pâtisseries viennoises » qu’elle déplorait, et en premier lieu la série de bluettes impériales des Sissi, qui firent d’elle, dès l’adolescence, une sorte de trésor national. "En fait Romy Schneider en Sissi a baigné l'enfance de quasiment tous les petits spectateurs du monde depuis les années 50 jusqu'à presque aujourd'hui" rappelle N. T. Binh, bien que ces films aient constitué "une image que Romy Schneider n'aimait pas".

Elle s’en échappe dès la fin des années 50, mais le chemin sera long, passant par certains des plus grands cinéastes de la décennie : Luchino Visconti, Orson Welles, Joseph Losey, le jeune Alain Cavalier et le déclinant Henri-Georges Clouzot, le vétéran Otto Preminger et le débutant Woody Allen dans une courte incartade hollywoodienne, avant que La Piscine de Jacques Deray ne la mue en sex-symbol et qu’elle ne rencontre enfin celui avec qui elle va cristalliser sa persona cinématographique : Claude Sautet, cinq films ensemble en huit ans, des Choses de la vie à Une histoire simple. Comme le constate d'ailleurs Faustine Saint-Geniès, "c'est rare de voir une actrice étrangère se fondre autant dans le cinéma français au point de devenir la plus française des actrices alors qu'elle était allemande."

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"La Piscine" de Jacques Deray - 1968
"La Piscine" de Jacques Deray - 1968
- Crédit SND (Groupe_M6) - Cinémathèque Française

Une actrice au travail, au-delà de la légende tragique de la star, c’est cela que raconte la belle et inspirée exposition de la Cinémathèque française, car Romy Schneider "c'est surtout une immense travailleuse" qui "a toujours eu une relation privilégiée avec ses réalisateurs. Ça me semblait important de montrer une iconographie nouvelle la concernant" nous raconte sa commissaire, Clémentine Deroudille, accompagnée de Faustine Saint-Geniès, autrice d’un livre à paraître jeudi prochain, Romy Schneider, les actrices de brisent si facilement, et aussi de N.T. Binh. L’exposition, qui se déroule jusqu'au 31 juillet, s’accompagne d’un beau catalogue, écrit par Clémentine Deroudille et coédité par Flammarion et la Cinémathèque Française.

L’actrice est bien sûr à retrouver sur grand écran, avec la rétrospective de ses films à la Cinémathèque, également jusqu’au 31 juillet, mais aussi sur vos plateformes numériques : Netflix, qui sponsorise l’exposition, et la Cinetek, où on peut retrouver sept de ses films : Le combat dans l’île, Les choses de la vie, Max et les ferrailleurs, Ludwig ou le crépuscule des dieux, César et Rosalie, L’important c’est d’aimer et La Mort en direct. Nous avons à cette occasion le bonheur de commencer un partenariat avec la cinémathèque en ligne programmée par des cinéastes, où on retrouve les grands films de l’histoire du cinéma. Nous vous en dirons plus prochainement, mais dès aujourd’hui, vous pouvez gagner des cinépass pour découvrir ces films. Pour jouer, rien de plus simple : il suffit de cliquer sur ce lien.

Antoine Guilot, Faustine Saint-Geniès, Clémentine Deroudille et Yves Le Hors à la Cinémathèque
Antoine Guilot, Faustine Saint-Geniès, Clémentine Deroudille et Yves Le Hors à la Cinémathèque
- Crédit - Marceau Vassy
Projection privée
1h 01

Le journal du cinéma : "Azuro" de Matthieu Rozé

Place à présent aux vacances, à l’été, aux Bitter Camparis et à la Méditerranée. C’est le décor d’Azuro, premier long-métrage réalisé par le comédien Matthieu Rozé, adaptation très réussie du roman de Marguerite Duras Les petits chevaux de Tarquinhia. On y retrouve les journées au soleil et les soirées arrosées d’une bande d’amis qui se connaissent par cœur et qui, pour la énième fois, passent leurs vacances ensemble dans un petit village méditerranéen. Mais derrière l’image de carte postale, il y a la chaleur accablante, presque menaçante, et puis il y a un homme aussi, qui arrive par la mer sur un bateau. Il n’en faut pas plus pour faire voler en éclat certaines habitudes et certitudes. Le film est d'ailleurs tourné en 16mm, car comme l'explique le réalisateur, "la pellicule dès le départ raconte une histoire, c'est le souvenir du cinéma, des films de vacances."

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La Chronique de N. T. Binh : "L'extravagant Mr. Deeds"

Un modeste tailleur du Vermont et tubiste amateur que l’annonce de sa fortune soudaine ne semble pas troubler outre mesure, c’est, avec Gary Cooper dans le rôle-titre, L’extravagant Mr. Deeds, qui vaudra à Frank Capra en 1936 son deuxième Oscar du meilleur réalisateur, après la rafle des cinq principales statuettes par son film précédent, New-York Miami. « L’Extravagant Mr. Deeds est le meilleur film de Frank Capra, autrement dit la meilleure comédie qu’on ait jamais pu voir à ce jour sur un grand écran », écrit Graham Greene quand il le découvre. Et il n’avait pas vu les chefs-d’œuvre à venir ! Comme le raconte N. T. Binh, L'extravagant Mr. Deeds est "un film très autobiographique mais déguisé et c'est aussi une profession de foi (...) Il construit sa propre image à travers une fiction admirablement écrite."

L’Extravagant Mr. Deeds, de Frank Capra, est édité en combo DVD/BR par Wild Side Vidéo, avec bonus, dont une interview du cinéaste de Cinéma, Cinémas et un livre richement illustré de Frédéric Albert Lévy, Sous le signe du Capracorn.

"L'extravagant Mr Deeds" de Frank Capra 1936
"L'extravagant Mr Deeds" de Frank Capra 1936
- Crédit Wilde Side
Toute une vie
58 min

Les sorties de la semaine

Un chaînon manquant entre le néoréalisme et la comédie italienne, c’est  Deux sous d’espoirs, de l’injustement oublié Renato Castellani, réalisateur emblématique du "surréalisme rose", Palme d’Or ex-aequo à Cannes en 1952 avec l’Othello d’Orson Welles ; le film, sur le chômage des classes laborieuses dans l’Italie du sud, ressort en salles en version restaurée.

D’autres prolétaires, des mineurs boliviens pris au piège asphyxiant de La Paz, c’est le très politique autant que poétique  Le Grand Mouvement, de Kiro Russo, entre néoréalisme, là encore, et symphonie urbaine comme on en faisait au temps du cinéma muet.

Des monstres de cirque (un nain onaniste et magnétique, un loup-garou lettré, un albinos dompteur d’insectes et une fille électrique) qui luttent contre les nazis dans l’Italie de 1943, c’est  Freaks Out, la réponse transalpine aux films de super-héros type X-Men, signée Gabriele Mainetti, l’auteur d’On l’appelle Jeeg Robot.

Un pistolero mystérieux qui a les traits de Jean-Louis Trintignant, face à une horde de tueurs à gages commandée par le cruel Klaus Kinski, c’est le très nihiliste chef-d’œuvre du western spaghetti Le Grand Silence, de Sergio Corbucci , de retour sur grand écran.

À lire aussi : Western à l'italienne
La Grande table d'été
1h 04

Une relecture libre du mythe d’Icare, qui met à mal l’héroïsme viriliste de l’antiquité grecque, c’est le beau dessin animé  Icare, précisément, signé d’un ancien des studios Aardman et Pixar (il y a pire école), le Luxembourgeois Carlo Vogele.

La reproduction sociale dans un Tokyo très compartimenté, où on ne croise que des gens de sa propre classe, c’est l’assez classique  Aristocrats de Yukiko Sode, dont on saluera toutefois le point de vue féminin et quelques audaces temporelles.

Une adaptation partielle du livre à succès de Didier Eribon, qui met de côté la question de l’homosexualité pour se concentrer sur l’oppression des prolétaires, en particulier de sexe féminin, c’est  Retour à Reims (Fragments) du génie du montage d’images d’archive Jean-Gabriel Périot, accompagné par la voix off d’Adèle Haenel, qu’on aurait souhaitée un rien moins présente pour laisser vivre les images.

Et puis enfin, la révélation d’une actrice habitée, la danseuse de l’Opéra Marion Barbeau, c’est  En corps, de Cédric Klapisch, à qui on pardonnera les facilités scénaristiques, étant donné la beauté envoutante de ses nombreuses scènes dansées.

Affaires culturelles
55 min

A noter : Une rétrospective d'une star européenne et transnationale du cinéma muet, à la féminité particulièrement désinhibée, la vedette de La Rue sans joie de Pabst face à une Greta Garbo débutante, c’est Asta Nielsen, à qui  la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, à Paris, consacre du 5 avril au 13 mai une rare rétrospective.

A l’Institut Lumière, à Lyon, ce sont quatre maîtres du cinéma français des années 1930 qui sont à l’honneur : Carné, Duvivier, Grémillon et Renoir, c’est jusqu’au 31 mai.

Et puis on vous rappelle que le 8e Prix Cinéma des étudiants France Culture recrute son jury. Il vous suffit, étudiantes et étudiantes,  d’envoyer sur ce lien la critique d’un film, écrite, orale ou filmée. Le prix, parmi les cinq films finalistes : L'événement d'Audrey Diwan, Viens je t'emmène d'Alain Guiraudie, Une jeune fille qui va bien de Sandrine Kiberlain, L'affaire collective d'Alexander Nanau et Un Monde de Laura Wandel, sera remis au prochain Festival de Cannes.

Extrais sonores

Christine avec Delon/Schneider réalisé par Pierre Gaspard
La piscine avec Delon/Schneider réalisé par Jacques Deray
Le train avec Trintignant/Schneider réalisé par Pierre Granier-Deferre
L'assassinat de Trotsky avec Delon/Schneider réalisé par Joseph Losey
Le vieux fusil avec Loiret /Schneider réalisé par Robert Enrico
Musique : La Chanson d'Hélène, interprété par Michel Piccoli et Romy Schneider
Azuro, de Matthieu Rozé - Interview réalisée par Marceau VASSY
Musique : Le retour en bateau, de Kid Francescoli 
L'extravagant Mr Deeds, de Frank Capra
Mix des sorties : Aristocrats, Yukiko Sode - Freaks Out, Gabriele Mainetti - En corps, de Cédric Klapisch - Icare, de Carlo Vogele - Le grand mouvement, de Kiro Russo - Retour à Reims (fragments), de Jean-Gabriel Périot - Deux sous d’espoir, de Renato Castellani, 1952 - Le grand silence, Sergio Corbucci, 1968

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