Les choses de la vie de Claude Sautet : "La dramaturgie de la vie c’est l’incertitude" : épisode • 2/4 du podcast Michel Piccoli, le jeu qui pense

Romy Schneider et Michel Piccoli - Crédits : © 1969 STUDIOCANAL – Compagnia Cinematografica Champion S.P.A.
Romy Schneider et Michel Piccoli - Crédits : © 1969 STUDIOCANAL – Compagnia Cinematografica Champion S.P.A.
Romy Schneider et Michel Piccoli - Crédits : © 1969 STUDIOCANAL – Compagnia Cinematografica Champion S.P.A.
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Le 13 mars 1970 sort au cinéma "Les choses de la vie" de Claude Sautet, qui filme au travers du couple incarné par Romy Schneider et Michel Piccoli les infinies subtilités qui composent le sentiment amoureux. Le flux intérieur de Pierre (Piccoli), fait d’hésitations, conduit la narration du film...

Avec
  • N.T. Binh Journaliste, critique, enseignant de cinéma (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

Faire un film, écrit le réalisateur Claude Sautet, c’est être dans une éternelle quête de combinaison, à la poursuite de quelque chose qu’on ne connaît pas, dont on sait l’existence et qu’il faut trouver... :
"Le mot combinaison est un mot que j’aime bien, à mes yeux c’est presque un programme philosophique. On vit une oscillation permanente entre le trac et la jubilation des combinaisons pour s’en sortir. Mais vers quoi ? vers ce quelque chose qu’on ignore et qu’on voudrait exprimer. La vie c’est l’incertitude, voilà ce que je crois. La dramaturgie de la vie, c’est l’incertitude."

L'invité du jour :

N. T. Binh, critique et enseignant de cinéma

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Le paradoxe du cinéma de Sautet

Filmer les choses de la vie, c’est un paradoxe qui est au coeur du cinéma de Claude Sautet : il y a ce qu’on filme, ce qu’on montre à l’écran et il y a ce que le spectateur ressent en voyant ces choses montrées. Les émotions peuvent être en opposition avec ce qui est montré, je crois que c’est cette opposition qui intéressait Sautet… Il y a l’apparence et il y a ce qu’il y a derrière. C’est de là que naît la justesse du cinéma de Sautet, qui s’insinue dans la subjectivité du spectateur.      
N. T. Binh

Avant et après "Les choses de la vie"

Avant le film "Les choses de la vie", Michel Piccoli avait une longue carrière derrière lui, mais pas une carrière de vedette… il y a un moment précis où toutes les expériences passées de l’acteur Piccoli mais aussi de l’être humain vont se cristalliser avec ce film, par hasard, car c’est un film qui naît d’une succession de hasards et de circonstances… et ce film deviendra très rapidement mythique.      
N. T. Binh

Un film à la construction hyper sophistiquée

Le début du film, c’est une bande annonce, pendant tout ce prologue, on ne voit pas les acteurs, uniquement des figurants, des rôles secondaires, qui sont “nous”, les spectateurs de l’accident, avant l’accident… on nous montrera ensuite cet accident en flash-back, c’est là que le film est diabolique, et sa construction hyper sophistiquée… on croit à un film grand public, sentimental, romanesque alors que c’est un film qui est influencé par le cinéma moderne, c’est du Fellini plus du Bergman. La temporalité est explosée, et malgré tout, on a l’impression que c’est naturel…      
N. T. Binh

Sons diffusés :

  • Mixage de début d'émission par Nicolas Berger : avec des archives de Claude Sautet du 12 mars 1970, Actualités de 13h00, France Inter ; une archive de Michel Piccoli du 12 mars 1970, Actualités de 13h00, France Inter ; et une archive de Romy Schneider du 10 mars 1970, Cinéma vérité, France Culture
  • Extraits des Choses de la vie, de Claude Sautet, scénario de Claude Sautet, Jean-Loup Dabadie et Paul Guimard
  • Archive de Michel Piccoli, du 26 mai 1990, Le bon plaisir, France Culture
  • Archive de Claude Sautet, du 19 mars 1999, Synergie, France Inter
  • Archive de Claude Sautet, du 9 juin 1971, Célèbre à vingt ans, France Culture
  • Chanson de fin : Romy Schneider et Michel Piccoli, La chanson d'Hélène (paroles de Jean-Loup Dabadie, musique de Philippe Sarde)

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