Les self-made men de Frank Capra

Frank Capra (1897-1991) est avant tout un immigré italien qui a vécu le rêve américain. Parti de rien, il est devenu l’un des premiers auteurs-producteurs de l’industrie hollywoodienne. Capra n’avait qu’une envie : marquer le cinéma et inscrire son nom au-dessus du titre du film.

Les premiers pas de Capra au cinéma et la crise de 1929

Né à Palerme en 1897, Frank Capra arrive sur le sol américain à l'âge de six ans. C’est la deuxième grande vague d’immigration et ses parents partent pour le continent à la suite d'une lettre envoyée par son frère aîné qui se trouvait déjà en Amérique. "Il dit toujours qu'il est entré dans le monde du cinéma par hasard. Or, il a commencé en tant qu'accessoiriste avant de devenir gagman", estime Grégoire Halbout. Selon Serge Chauvin, "il devient très vite non seulement un réalisateur qui assure à lui seul le prestige du studio (de la Columbia) et qui en même temps rapporte de l'argent". Mais si le succès commence à être au rendez-vous pour Capra, la crise de 1929 menace pourtant les studios et les productions hollywoodiens qui vont être touchés au même titre que le reste du pays, la crise financière étant devenue une crise économique globale. D'après Grégoire Halbout, "les studios comme MGM ou Universal, qui ont beaucoup investi, sont en très mauvaise situation. Sur les cinq majors, il y en a au moins trois qui sont en redressement judiciaire. Mais les petits studios, comme la Columbia, s'en sortent plutôt bien".

Marqué par les conséquences économiques et sociales de la crise, Frank Capra sort en 1932, La Ruée. Un film qui montre pourtant un "bon banquier". "Il y avait une certaine audace, en 1932, à faire d'un banquier un héros positif " relève Serge Chauvin, mais Capra "dénonce les grandes banques et surtout les spéculateurs. Son ennemi, c'est la finance. Mais inversement, il y a une sorte de valorisation de l'investissement, de la circulation de l'argent et surtout de la confiance qui est mise dans la petite entreprise."

Le self-made man sauveur de la nation et le rêve américain en arrière-plan

Si la figure du self-made man commence à se dessiner dans New York Miami, ce sont les films qui suivirent qui incarneront encore plus cette définition que l’Amérique fera sienne. Capra va réaliser dans les années 1930, les comédies sociales qui constitueront sa renommée : L'Extravagant Monsieur Deeds (Mr. Deeds Goes to Town , 1936), Vous ne l'emporterez pas avec vous (You Can't Take it with You, 1938), Monsieur Smith au Sénat (Mr. Smith Goes to Washington, 1939), L'Homme de la rue (Meet John Doe, 1941). "Chez Capra, il y a quelque chose qui est fondé sur une vision un peu forcément mythifiée des gens dits ordinaires qui peuvent se révéler exceptionnels", observe Serge Chauvin et "il valorise davantage l'entreprise individuelle que l'interventionnisme étatique". Pour Grégoire Halbout, "il y a cette idée du rêve américain, une idée du mérite qui est très forte". D'ailleurs, avec Mr Smith au Sénat, Capra nous montre la bataille du petit contre le grand, de la pureté rurale contre la grande ville corrompue. Il avait également une vision de lui-même à la fois artiste et self-made man. Il était fasciné par la figure de l’entrepreneur et de l’inventeur, de l’artiste, de l’individu qui profite à la communauté.

Référence sonores

• Extrait de La Ruée de Frank Capra
• Extrait de New-York Miami de Frank Capra
• Lecture d'un extrait de l'autobiographie de Frank Capra The Name above the Title - musique "Leonard" d'Augustin d'Assignies
• Extrait de L'Extravagant Mr Deeds de Frank Capra
• Extrait de Vous ne l'emporterez pas avec vous de Frank Capra - musique du film Milliardaire pour un jour de Frank Capra

Référence musicale

• "It" de Cate Hortl