Aldous Huxley, comment devenir soi dans un monde dystopique ? : épisode • 20/22 du podcast Objets inattendus de la philosophie

Aldous Huxley ©Getty - ullstein bild
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La science au pouvoir, l’abolition du libre arbitre… En 1932, avec la parution de son roman "Le meilleur des mondes", Aldous Huxley a imaginé et anticipé un monde où le savant joue la flûte et la société danse. Mais qui était-il pour imaginer ça ? A-t-il prophétisé ce monde dans lequel nous vivons ?

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Que peut penser la philosophie ? Y a-t-il des objets plus respectables que d'autres ? Parce qu'il n'y a pas que le temps, le bonheur ou la justice, tous les vendredis, nous donnerons la place à ce qui semble ne pas en mériter, à des objets inattendus… aujourd'hui : Aldous Huxley

Le meilleur des mondes, ce titre ne vous est pas inconnu. Le nom d'Aldous Huxley non plus... Vous pensez à une histoire de science fiction, ou peut-être au mot de Voltaire, "le meilleur des mondes possibles"... en tout cas, c'est bien une histoire du monde.
Tout cela est flou, mais ça ne sent pas bon : vous sentez bien qu'à l'évocation de ce titre, quelque chose de dystopique va se jouer ou a déjà lieu. Des individus endormis, asservis, uniformes. La science au pouvoir, l'abolition du libre-arbitre.
Vous n'avez pas tort : Aldous Huxley est bien celui qui a imaginé, et même anticipé dès 1932, ce monde...

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Aldous Huxley, un monde à lui-même

"Huxley a traversé le XXᵉ siècle. Il était extrêmement connecté à ce qu'il voyait, il avait un esprit d'anticipation et était finalement une caisse de résonance d'une série de problèmes qui sont encore les nôtres : le rapport à la technologie, le rapport à la politique. Mais au-delà de ça, il l'a fait de manière singulière. Il est philosophe sans l'être, il est écrivain, mais écrivain d'idées, il n'est pas toujours là où on l'attend." Pascal Chabot

Une redéfinition anthropologique de l'individu

"Huxley propose une anthropologie de l'élargissement : élargissement de l'individu, connexion de l'individu à des réalités qu'on pourrait dire supérieures (la question du mysticisme est celle-là), connexion de l'individu à des perceptions extraordinaires, car c'est quand même quelqu'un qui a été un des premiers à prendre de la mescaline de manière scientifique. Dans les années 60 et 70, Huxley était nommé Saint-Huxley par les hippies, dans une vénération de cet intellectuel à la trajectoire de vie en rupture avec une certaine bourgeoisie anglaise relativement belliciste, allant vers davantage d'ouverture, de pacifisme, avec toutes les questions philosophiques fortes que le pacifisme pose. En ce sens, chez lui il y a une anthropologie de l'élargissement et du lien, il a proposé un progrès subtil, comprendre les trames qui nous lient à l'autre, les trames qui nous lient à l'existant, les trames qui nous lient à la nature, à la terre bien évidemment, les trames qui nous lient aux idées... Et ces trames-là n'existent pas une fois pour toutes, il s'agit de les investir, de les réinvestir et finalement de les faire vivre par l'écriture ou par la vie." Pascal Chabot

Textes lus par Hélène Lausseur :

  • Aldous Huxley, La paix des profondeurs, 1937, éditions La table ronde, page 119 (avec une musique de Autechre, Yulquen)
  • Aldous Huxley, Contrepoint, 1928, éditions Le livre de poche, pages 466-467 (avec une musique de Autechre, Overand)

Sons diffusés :

  • Archive d'Aldous Huxley, dans L'album aux souvenirs, Office national de radiodiffusion télévision française Nice, colloque enregistré en 1954 (et musique de Audioroom Seismograph, A toy in the head)
  • Chanson des The Strokes, Soma
  • Inter actualités de 12H30, RTF, 25 juillet 1961
  • Archive d'Aldous Huxley, Premier Plan, Radio Canada, 12 juin 1960
  • Chanson de fin : The Doors, Light my fire

Bibliographie :

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