Comment Internet bétonnise la France

Le toit du data center MRS3 d’Interxion (Marseille) ©AFP
Le toit du data center MRS3 d’Interxion (Marseille) ©AFP
Le toit du data center MRS3 d’Interxion (Marseille) ©AFP
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Les deux responsables : les entrepôts de e-commerce et les datacentres.

"La rivière sans se dépêcher, arrive au fond de la vallée, Assez large pour qu’un pont, La traverse d’un seul bond…" Un morceau, du poème Paysage français, de Paul Claudel. Paysage rêvé, aime, marqué d’une empreinte humaine, faible.

Et Maintenant ? Nous glissions sur une pente qui nous éloigne de cet idéal. Vers une France de plus en plus bétonisée… à cause d’Internet. C’est ce que raconte, décrit, une enquête de Zadig le mag, trimestriel qui raconte la France. Enquête intitulée "Quand Internet bétonne la France." Dans un article cosigné Hélène Seingier et Floriane Louison. Le premier vecteur de la bétonisation, selon leur enquête. Ce sont les entrepôts de e-commerce. En 2020, ils s’étalaient sur 20 millions de mètres carrés. C’est-à-dire 100 fois l’emprise du stade de France. Et une partie se construit sur des sols naturels : des terres agricoles, des forêts, à raison d’un terrain de foot tous les trois jours. Hélène Seingier, qui a enquêté, évoque le deuxième vecteur de la bétonisation induite par Internet : la floraison de data centers sur notre territoire.

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L’enquête de Zadig raconte ainsi l’histoire de Fabrice Coquio. "Il est à la tête d’une société gérant des data centers – des "hôtels de données". En 1999, quand il crée la filiale française d’Interxion, leader mondial du secteur, le mot ne fait pas partie de notre vocabulaire. Son premier-né, sorti de terre à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, mesurait 1200 mètres carrés. Son petit dernier est trente fois plus grand. Sur un terrain aussi vaste que le Stade de France, il est rempli de matériel informatique permettant de traiter et stocker nos données. C’est le plus gros de l’Hexagone." Au fond, on réalise dans le paysage que Internet est un matériel dévastateur, que son immatérialité est un leurre.

Il existe des recommandations, élaborées à l’échelle nationale. Recommandations adressées aux communes et aux intercommunalités. Puisque les décisions se prennent dans les plans locaux d’urbanisme. Ce qui laisse souvent les élus locaux, élus parfois de petites communes, en première ligne dans ces décisions importantes. Puisqu’ils doivent faire face à des injonctions très contradictoires : d’un côté, la nécessité de préserver des espaces, des paysages ; de l’autre, la volonté d’accueillir de l’activité économique. Alors, face aux projets de bétonisation, des associations, des acteurs locaux se mobilisent.

Et puis, d’autres types de mobilisation. Comme celle initiée par le mouvement Terre de lien, qui achète des terres agricoles pour les sanctuariser. Et faire en sorte que ces terres ne deviennent jamais un data center, un entrepôt ou un centre commercial. Pour faire en sorte, au fond, de sauver nos paysages. Et de préserver, dans tous les coins et toutes les parcelles de France, nos petits jardins…

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