1924 : Breton, "Manifeste du surréalisme" : épisode • 20/30 du podcast Comment les livres changent le monde

André Breton avec des lunettes / Collection du Centre Pompidou ©Getty
André Breton avec des lunettes / Collection du Centre Pompidou ©Getty
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"Le Manifeste du surréalisme" est publié comme préface au recueil "Poisson soluble" mais il acquit vite son autonomie textuelle. Il devient le fondement d’un mouvement littéraire, artistique et politique.

Avec
  • Michaël Löwy Philosophe et sociologue, auteur de Franz Kafka et de Rosa Luxemburg. L'étincelle incendiaire.
  • Etienne-Alain Hubert Co-président de la société des Amis de Paul Éluard

Naissance d’un courant artistique

Dans cet ouvrage, André Breton, essayiste, philosophe et poète, fait l’historique de la découverte de l’automatisme poétique et donne sa définition du surréalisme comme méthode d’expression consistant en la libre détermination dans l’organisation de la pensée par le verbe. Dès 1920, le terme de surréalisme est repris par d’autres comme Louis Aragon et Philippe Soupault.

"André Breton avait des baguettes de sourcier pour repérer les sources souterraines d'un mouvement littéraire dont le débit n'a fait qu'augmenter avec les années." - Régis Debray

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Le manifeste signe la naissance du mouvement surréaliste. Il définit ses moyens, ses fins et ses méthodes ainsi que ses deux valeurs centrales : la liberté et l’amour. Il décrit l’importance de l’automatisme psychique (écriture sans sujet et sans objet), des formes d’associations libres et du rêve (nourri par les écrits de Freud).

Révolution et surréalisme

Pour Michael Löwy, il ne faut pas réduire le surréalisme à ces caractéristiques littéraires, il est avant tout un mouvement libertaire qui défend l’idée qu’il n’y a d’art que s’il participe du combat pour l’émancipation : l’art ne peut être que social-révolutionnaire associant révolte de l’esprit et révolution sociale. C’est la découverte par Breton du marxisme et de la révolution de 1917 en Russie.

Engagé à partir de 1927 au Parti Communiste, Breton lie l’engagement artistique surréaliste et le matérialisme historique au moment où Staline glace la révolution. Les surréalistes rompent avec le PC en 1934 et adhèrent comme Maurice Nadeau à l’oposition de gauche au stalinisme menée par Trotski. André Breton va à la rencontre de Trotski à Mexico. Ils écrivent ensemble le Manifeste pour un art révolutionnaire indépendant (1938) texte fondateur d’une fédération internationale pour un art révolutionnaire indépendant. Trotski plus libertaire en ce domaine que Breton introduit dans le texte qu’il ne peut y avoir en matière d’art qu’une liberté totale « toute licence en art » et aucune soumission à une consigne de parti.

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Bibliographie indicative

  • André Breton, Œuvres complètes, Bibliothèque de la Pléiade, t. I, 1988
  • Etienne-Alain Hubert, André Breton, Adpf, 2006
  • Michael Löwy, La comète incandescente. Romantisme, surréalisme, subversion, Edition Du Retrait, 2020
  • Julien Gracq, André Breton. Quelques aspects de l’écrivain, Corti, 1948

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