L'enfance d'un chef : épisode • 1 du podcast Thomas Sankara, l'homme qui allait changer l'Afrique

Statue de Thomas Sankara érigée à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso ©Radio France - Eric Audra
Statue de Thomas Sankara érigée à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso ©Radio France - Eric Audra
Statue de Thomas Sankara érigée à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso ©Radio France - Eric Audra
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Comment Thomas Sankara est-il devenu ce bâtisseur de nations indépendantes ? Pour le savoir, il faut revenir sur ses années de formation à Madagascar où tout s'est joué, et sur sa découverte, fondamentale, de l'œuvre de Karl Marx, qui scella son destin de leader.

Dans le schéma colonial français, la création de la Haute-Volta répondait à un seul un objectif : pouvoir recruter dans un bassin de population maintenu dans le sous-développement une main d’œuvre peu coûteuse pour les plantations de Côte d’Ivoire. Une façon de perpétuer une tradition d'esclavagisme que le reporter Albert Londres dénonçait déjà en 1929 dans son célèbre livre  Terre d’ébène (1928).

Joseph Sankara, le père de Thomas, était un Silmimoose, une ethnie considérée comme subalterne dans l’Afrique féodale, soumise aux élites mossies. Il échappa à son statut de captif en devenant le favori du chef coutumier de son village natal, qui l’adopta, et l’encouragea à s’engager dans l’armée française. Devenu tirailleur sénégalais, envoyé au front sur la ligne Maginot en 1939, Joseph Sankara découvre la métropole. Fait prisonnier des Allemands en juin 1940, il passe cinq ans dans un camp d’internement. Fin 1945, il rentre au Sénégal avec le statut de gendarme auxiliaire. Affecté à Gaoua, à l’extrême sud-ouest du pays, proche des frontières du Ghana et de la Côte d’Ivoire, il y fonde une famille. Thomas Sankara naît en 1949, troisième d’une fratrie de onze enfants.

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Pô : le berceau d'un destin

Très vite repéré par les Pères blancs pour sa vivacité et sa curiosité, Thomas Sankara suit dans leurs institutions une scolarité brillante. Tenté par le séminaire, l'adolescent choisit finalement la liberté et devient l'un des premiers lycéens noirs après l’indépendance du Sénégal en 1960. Il souhaite ensuite devenir chirurgien, mais la bourse qui lui aurait permis de suivre des études de médecine est usurpée par un autre élève, dont la famille maîtrise les circuits de la corruption. À la fin des années 1960, Thomas Sankara se résigne alors à suivre une formation militaire, qu'il ira parfaire à Madagascar en 1969. C'est alors qu'il rencontre plusieurs enseignants venus de métropole qui l’ouvrent aux lectures marxistes et tiers-mondistes. Son destin est scellé. Il ne reste plus qu’à l’assumer.

CulturesMonde
50 min

Considéré comme l’officier le plus brillant de sa génération, Thomas Sankara obtient le commandement le plus prestigieux de l’armée, l’unité de para-commandos stationnée à 150 km au sud de Ouagadougou, dans la ville de Pô. Il obtient de pouvoir désigner lui-même son adjoint : Blaise Compaoré, ce "nouveau frère" dont la rencontre a été fondatrice, et avec lequel il partage tout. Au cours de cette expérience, Sankara acquiert une immense popularité auprès des hommes de troupe, qui sera déterminante pour la suite. C’est en effet à Pô que vont se jouer les complots qui le porteront au pouvoir.

Une Grande Traversée co-produite par Christophe Nick et Somany Na, réalisée par Somany Na.

Premier épisode avec :

  • Serge Bayala, Secrétaire permanent du mémorial Thomas Sankara
  • Paul et Valentin Sankara, les frères de Thomas Sankara
  • Michel Kouda, ministre de l'Eau sous le Conseil National de la Résistance (CNR)
  • Fidèle Toé, ami d'enfance et ancien ministre de la Fonction publique sous le CNR
  • Bruno Jaffré, historien et auteur de Thomas Sankara, la patrie ou la mort (Syllepse)
  • Guy Delbrel, ancien conseiller de Thomas Sankara
  • Moussa Diallo, aide de camp de Thomas Sankara puis chef des services de renseignements de l'armée burkinabé

Bibliographie indicative :

Prise de son à Paris Mai Tran Phuong et Yann Fressy, prise de son à Ouagadougou Éric Audra ; Mixage : Pierre Henri. Merci à Antoine Vuilloz de la discothèque de Radio France et à Véronique Le Falher de la bibliothèque de Radio France ainsi qu'à Parfait Bako à Ouagadougou. Coordination : Christine Bernard.

En partenariat avec la plateforme BrutX

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