Bienvenue dans la vie chère : épisode • 2/3 du podcast C'est quoi ton budget ?

Addition au supermarché ©Getty - PhotoAlto/James Hardy
Addition au supermarché ©Getty - PhotoAlto/James Hardy
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Quels sont les effets de l'inflation sur les pratiques de consommation des ménages ? Si l'inflation contribue à augmenter les inégalités en frappant plus fortement les ménages aux budgets contraints, peut-elle aller jusqu'à remettre en cause l'ordre social ?

Avec
  • Louis Chauvel Sociologue Professeur des Universités à Sciences –Po Paris Membre de l’Institut Universitaire de France
  • Philippe Moati Professeur d'économie à l'Université Paris-Diderot et co-fondateur de l'Observatoire société et consommation

L’inflation actuelle, qui atteint selon les dernières prévisions de l’INSEE le taux de 6.1%, concerne avant tout les biens de consommation directe, à savoir l’alimentaire, mais aussi l’énergie. Ces hausses de prix ne touchent pas tous les ménages de la même façon. Alimentation et énergie sont des postes budgétaires socialement clivants : selon les catégories sociales la part du budget consacrée à ces dépenses “contraintes” ne sera pas la même. L’inflation d’aujourd’hui est largement ressentie chez les classes populaires, plus encore que les classes moyennes.

Les effets de l’inflation sur le pouvoir d’achat des ménages : d’un phénomène conjoncturel à une problématique structurelle

Un chiffre, 6.1%, jamais atteint depuis 1985, mais qui reste “modéré” pour Philippe Moati : “il s’agit de ne pas “dramatiser” ces taux d’inflation. Aujourd’hui, on parle d’inflation galopante, mais c’est très exagéré : l’inflation galopante, c’est ce qui se passe pendant l’entre-deux-guerres en Allemagne, quand on avait la paie tous les jours parce qu’on la dépensait intégralement le soir parce que le lendemain elle ne valait plus rien".

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Selon Louis Chauvel, "il s'agit d'une inflation que l’on attendait depuis des mois, mais qui est un phénomène de plus long terme”...“L’inflation au cours des 10 dernières années, c’est l’inflation des actifs réels : aux Etats-Unis, c’était l’inflation des titres financiers, en France, c’est l’inflation de l’immobilier"

On constate également un effet psychologique, selon Philippe Moati “En fait, même si on devait atteindre les 8 % d'ici la fin de l'année, on reste sur des niveaux modestes, mais l'impact psychologique est beaucoup plus fort que la réalité du phénomène. Notamment parce que ça touche des produits du quotidien, donc des produits qu'on achète fréquemment, ce qui frappe l'imagination, alors qu'en indice des prix, on a des produits dont le prix baisse....Ça s'appelle un effet de halo. On a tendance à généraliser quelques augmentations de prix spectaculaires et à dire que finalement, le pouvoir d'achat se dégrade follement parce que les prix sont en train de s'envoler.”

Les effets de l’inflation sur la structure sociale globale

Avec la hausse des prix de l'immobilier, le logement est devenu le poste budgétaire plus plus clivant. Il représente le premier poste de dépenses pour les ménages modestes et le quatrième pour les plus aisés Selon Louis Chauvel "le clivage de classe se renforce. Les catégories supérieures sont de plus en plus souvent multipropriétaires de biens et les catégories populaires sont de plus en plus souvent locataires, à vie. Cela engendre une tension croissante entre ces classes sociales, ce mouvement s'accélère depuis une dizaine d'années"

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