Jaurès : “Le capitalisme porte en lui la guerre” : épisode • 3/3 du podcast L’éco en trois punchlines

Jean Jaurès (1859-1914) à la tribune de la Chambre des députés. Tableau de Jean Veber (1868-1928), 1903. Musée Carnavalet,Paris ©Getty - Photo Josse/Leemage/Contributeur
Jean Jaurès (1859-1914) à la tribune de la Chambre des députés. Tableau de Jean Veber (1868-1928), 1903. Musée Carnavalet,Paris ©Getty - Photo Josse/Leemage/Contributeur
Jean Jaurès (1859-1914) à la tribune de la Chambre des députés. Tableau de Jean Veber (1868-1928), 1903. Musée Carnavalet,Paris ©Getty - Photo Josse/Leemage/Contributeur
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Dans quelle mesure le refus initial de la violence capitaliste conduit-il Jaurès à épouser le socialisme réformiste, celui de la négociation plutôt que de la révolution ? Comment Jaurès envisage-t-il pacifiquement le système capitaliste international et sa régulation ?

Avec
  • Gilles Candar Historien. Président de la Société d'études jaurésiennes.
  • Alain Chatriot Professeur des universités Centre d'histoire de Sciences Po

Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage” , cette phrase est prononcée par Jean Jaurès lors d’un discours à la Chambre des députés le 7 mars 1895. Jaurès s’exprime sur trois grands thèmes : la démocratisation de l’armée ; l’inanité d’une guerre de revanche contre l’Allemagne ; les liens entre capitalisme et guerre, et entre socialisme et paix. En effet, pour Jaurès, le capitalisme porte en lui la guerre à deux niveaux : non seulement car il organise une hiérarchie entre les classes sociales et pousse les opprimés à la révolte mais aussi car il organise une compétition entre les puissances économiques à l’international, entre les détenteurs de capitaux, ce qui vient briser la solidarité ouvrière (l’Internationale socialiste promue par Jaurès). Dès lors, face à ce refus de la violence et de la compétition économique et mû par un idéal de concorde égalitaire, Jaurès propose un socialisme républicain.

Capitalisme et “guerre” des classes : Jaurès et la cause sociale

Durant ses années de militantisme à Toulouse, la question sociale s’est totalement imposée à Jaurès. L’épreuve de la question sociale est capitale dans son passage au socialisme. Jaurès est auprès des ouvriers, des mineurs et des paysans du Midi et il observe le terrain afin de concevoir des solutions pour résoudre la question sociale. Cet engagement fonde son socialisme dans la pratique autant que dans la théorie. Jaurès choisit le voie réformiste plutôt que la voie révolutionnaire, il pense qu'il faut progressivement socialiser la production, Alain Chatriot précise "dans une logique républicaine, il veut que les réformes sociales progressent et il considère qu'il faut essayer de faire voter tout ce qui peut l'être, tels le code du travail, les premières lois sur les retraites. Par ailleurs, il y a une radicalité chez Jaurès dans le projet de réformes de l'ensemble de la société". Parmi les grandes batailles dans lesquelles s'engage Jean Jaurès, il y a celle de l'impôt sur le revenu afin d'instaurer une politique redistributive, d'après Gilles Candar "Jaurès veut soutenir les luttes ouvrières, constituer une force socialiste. Il voudrait que la gauche politique, le parti radical de l'époque applique son programme radical-socialiste".

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Capitalisme et concurrence : Jaurès face au concert des Nations

Entre la guerre de 1870 et la guerre de 1914, Jaurès a été très préoccupé par la question de l’internationalisation des économies dans un contexte de tensions entre nations européennes. Jaurès s’insinue ainsi dans le débat français qui oppose le libre-échangiste Caillaux à Méline (président de la Chambre des députés), qui fait voter des mesures protectionnistes en 1892. Selon Alain Chatriot "Jaurès condamne le tarif douanier car il le considère inefficace et surtout inégalitaire, car en défendant le prix, le tarif défend certes des petits producteurs mais surtout les très grands producteurs. Il considère que le protectionnisme doit s'accompagner d'une réforme fiscale". Par ailleurs, Jaurès en appelle à une solidarité entre le monde ouvrier urbain et la démocratie rurale, Gilles Candar le précise "on demande à Jaurès de rédiger le complément du programme agraire du parti ouvrier. Il est considéré comme un spécialiste des questions paysannes et agricoles dans le socialisme-marxisme. Il élabore des éléments de ce programme, avec des réformes très concrètes sur les baux de fermage, le métayage, des dispositions fiscales et sociales de soutien aux petits paysans".

Références sonores :

  • Extrait du film Jaurès, naissance d’un géant
  • Lecture d’un extrait du discours de Jaurès “Pour un socialisme douanier” le 17
    février 1894 à la Chambre des députés
  • Lecture d’un extrait des Cloches de Bâle, Louis Aragon
  • Lecture d’un extrait des Applications de la solidarité sociale de Léon Bourgeois

Références musicales:

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