Révolution mexicaine, héros sous sombrero : épisode • 3/4 du podcast Histoires de révolutions

Pancho Villa et ses révolutionnaires pendant la révolution mexicaine ©Getty - ©Bettmann
Pancho Villa et ses révolutionnaires pendant la révolution mexicaine ©Getty - ©Bettmann
Pancho Villa et ses révolutionnaires pendant la révolution mexicaine ©Getty - ©Bettmann
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Théâtre de la première révolution du XXe siècle, le Mexique des années 1910 est un laboratoire militaire, politique et social sans précédent. Des grandes réformes agraires aux projets d’unions étudiantes transnationales, voyage sur les traces de Pancho Villa et d’Emiliano Zapata.

Avec
  • Evelyne Sanchez Historienne, chargée de recherches au CNRS, spécialiste de l’histoire du Mexique contemporain
  • Romain Robinet Historien, maître de conférences en histoire contemporaine à l'Université d'Angers

La révolution a besoin de héros. Au Mexique, au début du XXe siècle, ils s’appellent Pancho Villa ou encore Emiliano Zapata. Les nombreuses photographies qui nous sont parvenues nous montrent ces combattants en arme, parfois à cheval, coiffés d’un large chapeau. Ce qui frappe est leur regard qui traverse le temps, marqué par la détermination. Pancho Villa, Emiliano Zapata, des noms qui demeurent dans les mémoires et depuis longtemps entrés au Panthéon de l’esprit de révolte : Aux grands héros, la révolution reconnaissante !

Les premiers soulèvements

En 1910, les révolutionnaires mettent fin à la présidence de Porfirio Diaz, après presque trente-cinq ans au pouvoir. Si son régime a permis au Mexique de se moderniser, le pays est profondément marqué par les inégalités sociales et économiques. Les paysans, les mineurs, les petits propriétaires du nord du pays, représentent une classe ouvrière et populaire de plus en plus prompte à la révolte. Evelyne Sanchez, spécialiste de l'histoire du Mexique contemporain, nous rappelle que : "de nombreux paysans accèdent à la propriété et se trouvent sous le poids de nouveaux impôts." Ainsi, des soulèvements régionaux, notamment au Potosi et dans la région de Chihuahua, ont déjà eu lieu dans les années 1880 et 1890, mais en 1910, la colère populaire n’est plus circonscrite à une seule région. Le mécontentement n'est pas seulement celui des classes populaires : la colère monte aussi dans les clubs où se retrouvent les francs-maçons, les instituteurs, les étudiants, les membres des professions libérales, les petits propriétaires.

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L'émergence de figures révolutionnaires

Des figures de leaders populaires et charismatiques émergent : Emiliano Zapata au sud du pays et Pancho Villa au nord. L'historienne Evelyne Sanchez évoque ces deux hommes : "aux profils très différents : Emiliano Zapata est un petit propriétaire qui connaît les situations des différentes localités autour de lui et qui est représentant de son village tandis que Pancho Villa est un personnage plus critiqué, aux origines assez obscures. C'est un bandit, un voleur et un assassin." Leurs troupes aident Francisco Madero, bourgeois libéral, humaniste et principal opposant à Porfirio Diaz, à accéder à la présidence. Les réjouissances sont de courtes durées : Madero est un modéré, et les zapatistes estiment qu’il ne va pas assez loin, tant qu’il ne redistribue pas les terres aux paysans. C'est le début d’une longue période de luttes intestines entre les différentes factions révolutionnaires.

L'Année 1913
3 min

Au début des années 1920, les Sonoriens, des généraux révolutionnaires originaires de l'État du Sonora, à la frontière des États-Unis, sortent victorieux de cette guerre des factions. Ils s’efforcent de reconstruire un État stable, en suivant les grands principes idéologiques de la révolution : nationalisme, anticléricalisme, anti-impérialisme. "La révolution constitutionnaliste débouche sur une nouvelle constitution en 1917, contenant le programme révolutionnaire en termes de laïcité, de réformes sociales et de droits sociaux", évoque l'historien Romain Robinet. L’exploitation pétrolière et les exportations agricoles permettent au pays de se moderniser et favorisent des mobilités sociales sans précédent. Le pays se stabilise, au détriment d’une certaine radicalité politique qui s’effrite encore un peu plus durant les années 1930.

Qui ont été les grands acteurs de cette révolution mexicaine ? Comment cette révolution, longue de trois décennies, a-t-elle jeté les bases sociales, politiques et culturelles du Mexique contemporain ? Comment les historiens et les historiennes réinvestissent-ils aujourd’hui cette période, loin du mythe national et de l’histoire héroïsante qui a longtemps fait autorité ?

Pour en parler

Romain Robinet est maître de conférences en histoire contemporaine à l'Université d'Angers et spécialiste de l’Amérique latine et de la révolution mexicaine.
Il a notamment publié  La Révolution mexicaine. Une histoire étudiante (Presses universitaires de Rennes, 2017).

Evelyne Sanchez est chargée de recherches au CNRS, rattachée à L’Institut d’Histoire du Temps Présent depuis 2020 et spécialiste de l’histoire du Mexique contemporain. 
Elle a notamment publié :

Références sonores

  • Archive de Benito Juárez dans Aujourd'hui le Mexique, 1963
  • Extrait du film Viva Zapata ! de Elia Kazan, 1952
  • Archive de Martín Luis Guzmán dans Les dossiers noirs : Viva la révolution, FR3, 1976
  • Lecture par Anne-Toscane Viudes d'un extrait de La Voz del Joven de Adelaida Arguelles, 1917
  • Chanson Pancho Villa interprétée par Christian Juin, 1949
  • Discours de François Mitterrand à Mexico, 20 octobre 1981

Générique de l'émission : Origami de Rone

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