Le gouvernement face au risque de contagion du mouvement social

Syndicats devant la raffinerie de Donges, le 14 octobre 2022 ©AFP - Loic Venance
Syndicats devant la raffinerie de Donges, le 14 octobre 2022 ©AFP - Loic Venance
Syndicats devant la raffinerie de Donges, le 14 octobre 2022 ©AFP - Loic Venance
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Un appel à la grève interprofessionnelles est lancée pour le mardi 18 octobre par la CGT, la FO et le FSU. La SNCF, la RATP et la fonction publique ont déjà répondu présent.

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Jusqu'où ira le mouvement ? Guillaume Erner reçoit  Dominique Méda , professeure de sociologie à l'Université Paris Dauphine, directrice de l'Institut de recherche interdisciplinaire en sciences sociales (IRISSO) et autrice de C'était les années Macron  (Flammarion, octobre 2022), et L eïla de Comarmond , journaliste aux Echos, spécialiste des questions sociales, autrice de Les 20 ans qui ont changé la CGT (Denoël, 2013) .

Un appel à la grève interprofessionnelle pour demain et un calendrier qui se tend pour le gouvernement

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Pour la philosophe Dominique Méda, « la gauche a réaffirmé, avec la marche contre la vie chère et l’inaction climatique de dimanche 16 octobre 2022, son ancrage dans les questions relatives au travail et son lien avec les classes populaires. Elle a confirmé sa rupture avec les années Hollande. »

D’après la philosophe, « on a besoin de reconstruire nos sociétés, de remettre beaucoup plus de solidarité qu’à l’heure actuelle, y compris au sein de l’Europe. Il nous faut des emplois de qualité. Investir dans la cohésion sociale. Investir dans la qualité de l’emploi. Il y a non seulement dans la population un sentiment de colère mais aussi de profonde injustice ». Elle ajoute notamment que « les termes qui reviennent dans le débat public et qui en étaient absents depuis bien longtemps sont ceux du partage de la valeur ajoutée entre le travail et le capital. »

La relation entre la gauche et les mouvements syndicaux

La proximité entre la gauche et les luttes syndicales est ancrée dans l’histoire politique. Pour Leïla De Comarmond, « il y a toujours eu du côté de la gauche la volonté de s’approprier le mouvement social sur le mot d’ordre du pouvoir d’achat, ou plutôt du salaire, qui est l’élément moteur du syndicalisme, car tous les syndicats se rejoignent » autour de cette notion à la fois individuelle et collective.

Pour la journaliste, « la mobilisation de demain mardi 18 octobre 2022 sera en tout cas un capteur de l’état du pays sur la revendication salariale. » Pour Dominique Méda, « Emmanuel Macron s’est accroché dans son premier mandat à un certain nombre de totems, à des réformes sociales qui ont fait perdre du temps » à l’Assemblée nationale. D’après elle, Il peut y avoir une convergence des luttes entre, d’une part, la lutte contre la vie chère et l’inaction climatique et, d’autre part, l’usage de l’article 49.3 de la Constitution à l’Assemblée pour faire passer un projet de loi. Dans quelle mesure cette convergence est-elle possible ?

« Une grève générale ne se décrète pas »

Pour la journaliste, « les syndicats ont une pratique très forte de la décentralisation » et cela peut expliquer que « la montée de la revendication pour un meilleur salaire risque d’être forte. » Elle poursuit en disant que « la confiance vis-à-vis des syndicats est remontée » selon les derniers sondages.

Toutefois, cela ne suffit pas à enraciner les luttes syndicales au sein de la société, selon Leïla De Comarmond. « Philippe Martinez a monté d’un cran pour la journée de mardi 18 octobre 2022 en appelant à une généralisation de la grève » précise-t-elle. Or, pour la journaliste au journal ‘’Les Echos’’, « une grève générale de ne se décrète pas. »

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