Qu’est-ce qu’un dividende ?

/ ©Getty - PM Images
/ ©Getty - PM Images
/ ©Getty - PM Images
Publicité

Quand on parle de dividende, de quoi parle-t-on ? L' Assemblée Nationale vient de voter un amendement contre le gouvernement pour taxer les "super dividendes". Comment les définir ?

Avec
  • Christophe Boucher Économiste, professeur à l’Université Paris Nanterre

Taxer les dividendes excessifs des entreprises. C’est la décision prise par les députés, mercredi 12 octobre 2022, à l’Assemblée Nationale, en faisant passer un amendement permettant de taxer les "super dividendes". Un vote contre l’avis du gouvernement, qui s’est fait dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances. Un vote qui s’inscrit dans le débat sur la répartition des richesses, au cœur de la crise des carburants. Mais quand on parle de dividende, de quoi parle-t-on ?

Guillaume Erner reçoit Christophe Boucher, professeur d’Économie à l’Université de Paris Nanterre, membre du Laboratoire Economix, directeur de la recherche et de la stratégie chez ABN AMRO Investment solutions, gérant d’actifs financiers.

Publicité

Le dividende, le profit de l’actionnaire

Christophe Boucher explique qu’un dividende correspond à « la part des bénéfices qui va être versée aux actionnaires, en général chaque année. » Il ajoute qu’une entreprise du secteur de l’énergie dispose de profits, « l’épargne de l’entreprise », qu’elle décide d’allouer soit aux dividendes, c’est-à-dire aux actionnaires, soit à l’investissement, ou bien, c’est plus rare, qu’elle garde tout simplement sur ses comptes bancaires. Ainsi, renseigne le spécialiste des marchés financiers, « tous les profits ne vont pas aux actionnaires et il y a des années (comptables) où il n’y a pas de profits » plaide-t-il. De plus, il précise qu’absolument tous les dividendes versés en France sont imposés par l’Etat.

Avoir une taxe supplémentaire sur les ‘’supers-profits’’ ?

Christophe Boucher explique que l’amendement en préparation à l’Assemblée nationale et au sein des discussions européennes a été défini comme « un profit supérieur de 20% à celui de l’année passée ». L’économiste insiste dans ce contexte de forte inflation sur le fait que « le secteur de l’énergie est l’un des secteurs les moins rentables de l’économie depuis une dizaine d’années. » Ainsi, pour compenser cette faible rentabilité, le secteur verse des dividendes « relativement importants » à ses actionnaires, « qui ne sont pas des privilégiés » par rapport aux actionnaires boursiers d’autres secteurs de l’économie, tel le luxe, un secteur à haute valeur ajoutée, dit-il.

Où vont les profits ?

D’après Christophe Boucher, les investissements à réaliser dans le secteur énergétique sont très importants. « En l’état, Total avait annoncé qu’il investissait notamment une partie de ses bénéfices dans le gaz liquéfié, dans le solaire, dans l’éolien (…) : ce qui est dégagé en bénéfices va aussi être réinvesti » par les grands fournisseurs d’énergie et, notamment, d’hydrocarbures.

Pourquoi verser un super dividende à un actionnaire ?

Pour compenser le fait que le prix de l’hydrocarbure est bas, « il fallait payer beaucoup de dividendes » à ses actionnaires, explique l’enseignant à l’Université Paris-Nanterre. Si on ne le fait pas, c’est-à-dire que « si on ne verse plus de dividendes, le cours de bourse va chuter puisque les actionnaires se disent que ce n’est pas intéressant » pour eux d’avoir cette entreprise en portefeuille, « et si le cours de bourse chute, cette entreprise se fait potentiellement racheter par ses concurrents ». Pour Christophe Boucher, qui pose la question explicitement, il est sûrement plus intéressant pour un actionnaire de nationalité française de détenir des actions dans une entreprise à haute valeur stratégique ou géopolitique comme Total, française qui plus est, plutôt que dans une entreprise à plus forte rentabilité et étrangère dans son portefeuille d’actions.

Vous pouvez écouter l'interview en intégralité en cliquant sur le player en haut à gauche de cette page.

L'équipe