L'économie selon Paul Thomas Anderson : épisode • 43 du podcast L'économie selon...

Paul Thomas Anderson speaks onstage during the Outstanding Directors of the Year Award program at the 37th Annual Santa Barbara International Film Festival at A ©Getty - Rebecca Sapp / Contributeur
Paul Thomas Anderson speaks onstage during the Outstanding Directors of the Year Award program at the 37th Annual Santa Barbara International Film Festival at A ©Getty - Rebecca Sapp / Contributeur
Paul Thomas Anderson speaks onstage during the Outstanding Directors of the Year Award program at the 37th Annual Santa Barbara International Film Festival at A ©Getty - Rebecca Sapp / Contributeur
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Comment les films et la mise en scène de Paul Thomas Anderson réinventent-ils l'American dream ?

Avec
  • Jean-Christian Vinel Professeur et maître de conférences en histoire des Etats-Unis à l’université Paris Cité
  • Emmanuelle Perez Tisserant Maîtresse de conférences en Histoire à l'université de Toulouse
  • Caroline San Martin Maîtresse de conférences en écriture et pratique cinématographique à la Sorbonne, enseignante à la Fémis.

Dès son plus jeune âge, Paul Thomas Anderson s’est démarqué dans le paysage du cinéma américain, avec des grandes fresques explorant la côte Ouest Américaine. En suivant de près des personnages, des hommes blancs hantés par un rêve de réussite, il nous fait traverser un siècle d’épopée économique en Californie. L’exploration des films d’Anderson permet de reprendre trois grands moments de l'histoire économique américaine, le retour sur les origines de la puissance californienne avec le pétrole dans There will be bood, l'industrie du porno et du cinéma hollywoodien dans Boogie nights et le boom immobilier de Los Angeles dans Inherent Vice.

"There will be blood" : le mythe du succès des pionniers

Le film est une adaptation du roman d’Upton Sinclair : Oil ! paru en 1927 et critique la ruée vers le pétrole en Californie du Sud des années 1920. Selon Jean-Christian Vinel "Upton Sinclair s'intéresse à Edward Doheny, magnat du pétrole, qui est à l'origine l'exploitation de l'or noir en Californie du Sud à partir de 1892 et qui va encourager l'utilisation de l'essence pour trains. Edward Doheny appartient à ce groupe d'industriels qui vont transformer la géographie urbaine de la Californie, en encourageant le développement de l'automobile, qui repose sur l'utilisation de l'essence". Emmanuelle Perez-Tisserant ajoute "le récit que l'on trouve dans 'There will be blood' rejoue plutôt des scènes de western ou des scènes de la ruée vers l'or, et montre l'arrivée de la modernité et de ses opportunités mais aussi les conflits que cela apporte"."

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"Inherent Vice" : le fulgurant développement immobilier de la côte Ouest

Le film, sorti en 2014, est adapté du roman éponyme de Thomas Pynchon. A la fin des années 60 et sur fond d’un reaganisme avant-gardiste, un magnat de l’immobilier, qui transforme les paysages de la côte Ouest, disparaît soudainement - et c’est le détective privé Larry "Doc", un hippie un peu défoncé, qui parcourra les rues de Los Angeles en mutations pour démêler cette affaire. La course au gigantisme des constructions à Los Angeles est mise en scène dans Inherent Vice, selon Caroline San Martin "le film reprend les codes du film noir, bien qu'on ne retrouve pas les lents plans séquences qui sont si caractéristiques du cinéma de Thomas Paul Anderson, on a plutôt des plans fixes ou des monologues qui sont parfois très longs et le film met très longtemps à s'installer, il dure aussi très longtemps, ce qui est aussi une caractéristique de tous ses films". Par ailleurs, l'essor de l'immobilier à Los Angeles a été permis par l'argent du pétrole, Emmanuelle Perez-Tisserant précise "à la fin du 19ème siècle Los Angeles était encore un petit village, qui va acquérir un statut de métropole globale par étapes et à-coups, avec la découverte du pétrole et la croissance industrielle autour du pétrole, puis l'industrie automobile et l'industrie pétrochimique ont permis cette croissance".

"Boogie Nights" et l'industrie pornographique

Le film, sorti en 1997, retrace la fin de l'âge d'or du cinéma porno, et son déclin à partir du début des années 80 avec le passage à la cassette VHS. Selon Caroline San Martin " la vidéo est plutôt boudée par les cinéastes, il est intéressant de voir le double discours, comme dans 'There would be blood' et la date du début du récit, avec le passage entre la pellicule et numérique que l'on trouve dans ce film". Par ailleurs, Jean-Christian Vinel précise "le contexte politique est important, les années 70 voient l'émergence de la droite chrétienne comme une force politique importante. Elle réagit contre l'évolution du droit, concernant la prière à l'école ou le droit à l'avortement et contre la libéralisation des mœurs qui se traduit par cette période qu'on a appelée porno-chic. Et la droite chrétienne va essayer d'utiliser le droit constitutionnel contre la diffusion de films pornographiques"

Références sonores

  • Extraits de There will be blood de Paul Thomas Anderson
  • Extraits de Inherent Vice de Paul Thomas Anderson
  • Extrait de Boogie Nights de Paul Thomas Anderson

Références musicales

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