Licenciements chez Meta, Twitter etc. : pourquoi l’économie numérique est-elle en difficulté ?

Logo de Twitter sur le smartphone et de Meta en arrière-plan. ©Getty - SOPA Images / Collection : LightRocket
Logo de Twitter sur le smartphone et de Meta en arrière-plan. ©Getty - SOPA Images / Collection : LightRocket
Logo de Twitter sur le smartphone et de Meta en arrière-plan. ©Getty - SOPA Images / Collection : LightRocket
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Début novembre 2022, en l'espace de quelques jours, Twitter a annoncé le licenciement de 7 500 salariés ; Meta de 11 000. Pourquoi ce secteur - que l'on pensait porteur, surtout depuis le Covid - montre-t-il des signes de faiblesses ?

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" Were we wrong about big tech ?" ; "Et si nous nous étions trompés sur la tech ?" s’interrogeait le journaliste Robert Armstrong dans le quotidien britannique, le "Financial Times", le 7 novembre 2022. Elon Musk, nouveau patron de Twitter, annonçait en effet le licenciement de 7 500 salariés. Dans la foulée, Mark Zuckerberg, le patron de Meta - maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp - annonçait, lui, la suppression de 11 000 postes. Pourquoi ces signes de faiblesse ? Est-ce la fin de l’utopie numérique ?

Guillaume Erner reçoit Frédéric Fréry, professeur de stratégie à l’ESCP, auteur notamment de 100 idées Impertinentes pour mieux manager, ed. Harvard Business Review ; revue américaine qui fête ses 100 ans et dont la version française vient de sortir un hors-série qui publie entièrement l'ouvrage de Frédéric Fréry. Numéro d’octobre-novembre 2022 disponible en kiosque.

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Un modèle économique qui souffre de l'inflation

Pour Frédéric Fréry, "dans les dernières années, la situation était un peu particulière : vous aviez des start-up, des entreprises qui se permettaient d’avoir une hyper croissance mais pas de résultats, pas de rentabilité. Elles ne vendaient pas de dividendes, parce qu’il n’y avait pas de profits, mais une plus-value. Ces gens-là ont vendu à leurs investisseurs, de l’hyper croissance". Or avec l'inflation, "les banques centrales mettent un coup d’arrêt à la croissance. Et cette hyper croissance s’effondre car les investisseurs se mettent à demander quelque chose qu’ils n’avaient jamais demandé, de la rentabilité" continue le professeur.

Les cas particuliers de Facebook et Twitter

Le fondateur de Facebook Mark Zuckerberg, explique Frédéric Fréry, "a très fortement misé sur le métavers, car en comparaison de ses concurrents (Google, Apple), il n’a pas de système d’exploitation. Il est dépendant des autres. Il veut avoir son système, mais il lui faut un support. Le métavers, ce serait un nouveau support sur lequel il pourrait avoir le même rôle que les autres. Donc, il parie beaucoup là-dessus, mais le problème, c’est que le pari ne prend pas, les investisseurs n’y croient pas".

À réécouter : Metavers, metafail ?
Superfail
13 min

Quant à Twitter, et à son nouveau propriétaire, Elon Musk, le professeur à l'ESCP reste prudent : "pour l’instant, c’est quand même un peu n’importe quoi chez Twitter, on va voir comment ça va évoluer". Pour proposer un modèle économique viable, Frédéric Fréry souligne qu'"Elon Musk pense beaucoup à du freemium, c'est-à-dire une version gratuite, et si vous payez en plus, vous avez des choses en plus, notamment pour certifier que vous êtes bien vous-mêmes [certification des comptes Twitter]. C’est une possibilité. Mais sur le fond, on ne sait pas ce que ça va donner, combien de gens vont investir pour certifier leur identité".

Secteur de la tech : la fin de l'euphorie ?

Frédéric Fréry rappelle qu'avec la crise de Covid-19, "pendant près de deux ans, notre travail, nos divertissements, bref notre consommation s’est faite en ligne. Quand l’économie redevient physique, il y a une “petite correction” à faire, et c’est un peu ce qui leur arrive". Ce genre de période permet aussi de voir "qui a un modèle économique solide" explique le professeur à l'ESCP, avant d'ajouter "ce qui est sûr, c’est que ceux qui ont misé uniquement sur le virtuel, aujourd'hui le payent un petit peu".

Vous pouvez écouter l'interview en intégralité en cliquant sur le player en haut à gauche de cette page.

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