De Google à Amazon : la tech est finie ?

Les cinq géants de la technologie auraient collectivement perdu plus de 1,5 trillion de dollars de capitalisation boursière en moins d'un mois ©Getty - Leonardo Munoz VIEWpress
Les cinq géants de la technologie auraient collectivement perdu plus de 1,5 trillion de dollars de capitalisation boursière en moins d'un mois ©Getty - Leonardo Munoz VIEWpress
Les cinq géants de la technologie auraient collectivement perdu plus de 1,5 trillion de dollars de capitalisation boursière en moins d'un mois ©Getty - Leonardo Munoz VIEWpress
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Les entreprises de la tech font face à un ralentissement économique inédit pour le secteur qui a conduit à des licenciements en pagaille. Pour Meta, Amazon, Twitter et les autres, est-ce la fin d’un modèle économique jusque-là florissant ?

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De la Silicon Valley aux Silicon Docks, les plans de licenciements frappent des entreprises qui semblaient jusqu’ici en excellente santé, certaines expérimentent ainsi pour la première fois la réalité d’un plan social. Et les chiffres donnent le tournis : les cinq géants de la technologie auraient collectivement perdu plus de 1,5 trillion de dollars de capitalisation boursière en moins d'un mois. Si beaucoup de secteurs industriels font actuellement face à des difficultés, entre l’inflation qui amoindrit la demande, et les tensions internationales qui perturbent la production, on aurait pu croire qu’une offre dématérialisée et particulièrement prompte à s’adapter à la demande échapperait au pire. Ce n’est pourtant pas le cas.

L'effondrement des géants de la tech ?

Depuis le début de l'année, les grandes entreprises de la tech, jusque-là préservées, ont brutalement chuté en bourse. Capucine Cousin revient sur les causes de cet effondrement inédit : "Plusieurs éléments se sont ajouté au fil de l’année : l’après-pandémie, l’entrée dans la guerre en Ukraine en février, et cet été les revenus publicitaires qui ont commencé à chuter à cause de l’inflation, donc des annonceurs qui achetaient moins de publicités sur Meta, Google, etc. (…) Tout cela a donné de moins en moins confiance aux investisseurs et donc on a vu leurs cours de bourse qui dégringolaient progressivement." Selon Asma Mhalla, ces bouleversements signent aussi la fin normale d'une période faste pour ces entreprises : "C’est la fin de l’hypercroissance ou de l’âge d’or de la tech. Mais en même temps, je ne suis pas persuadée que ce soit l’équivalent de l’éclatement de la bulle comme en 2000, parce que malgré tout, les géants de la tech ont des fondamentaux assez solides, se sont normalisés. On a un embourgeoisement capitalistique de ces entreprises qui étaient autrefois des start-ups". Olivier Alexandre tient également à nuancer : "Je dirais que ce n’est pas un effondrement de l’économie de la tech. Il y a 150 000 licenciements mais aussi 500 000 offres d’emploi dans le secteur de la tech, qui reste donc un secteur vraiment porteur et dynamique. Par contre, il y a une perte de croyance dans cette croissance illimitée, c’est un recalibrage et un passage à l’âge adulte d’une industrie qui reste très jeune."

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Des modèles économiques qui se transforment ?

Il faut aussi rappeler que les modèles économiques des géants de la tech sont extrêmement différents. Asma Mhalla explique : "Il y a une évolution des modèles économiques, notamment avec la fin de la gratuité, et l’on voit apparaître un repositionnement d’Apple, de Google et d’Amazon sur l’e-santé (…) il faut trouver des nouveaux relais de croissance, il y a des énormes enjeux avec des dissensions entre les big techs elles-mêmes. Quand on dit GAFAM, ça ne renvoie à rien, ce sont des modèles économiques hétérogènes. Il faut nuancer ce qui se joue entre elles, et c’est une forme de guerre des plateformes qui est en train de se jouer actuellement." Les réseaux sociaux sont particulièrement touchés par ces transformations. On peut penser à Twitter et son récent rachat par Elon Musk, mais aussi à Meta dont les investissements dans le métavers font le pari risqué d'une vision sur le long-terme, comme le note Olivier Alexandre : "Un tiers des investissements sont placés dans le métavers. On n’est pas sûrs que ce soit un pari réussi. Or, les actionnaires attendent des résultats chaque semestre. Donc il y a un écart très important entre l’horizon fixé par Meta et les attentes du marché."

Références sonores

  • Tim Cook, PDG d’Apple le 14 novembre dans CBS Morning
  • Mark Zuckerberg, annonce du 23 février au sujet du Metavers

Références musicales

  • Sand Hill Road, une reprise de la chanson Old Town Road de Lil Nas X

Bibliographie

  • La Tech - Quand la Silicon Valley refait le monde, Olivier Alexandre, à paraître au Seuil en mars 2023
  • Netflix & cie, les coulisses d’une (r)évolution, Capucine Cousin (Armand Colin, 2018)

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