Quand Jean-Pierre Mocky cinéaste, et Serge Daney cinéphile commentaient le foot

1986 Finale de la Coupe du monde de football Argentine/ Allemagne au Mexique avec Diego Maradona ©Getty - Bongarts
1986 Finale de la Coupe du monde de football Argentine/ Allemagne au Mexique avec Diego Maradona ©Getty - Bongarts
1986 Finale de la Coupe du monde de football Argentine/ Allemagne au Mexique avec Diego Maradona ©Getty - Bongarts
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En 1986, lors du Mondial de football, le réalisateur Jean-Pierre Mocky publie plusieurs "coups de gueule". Au micro du critique Serge Daney, il déplore, avec son franc-parler, un sport devenu spectacle, dont la médiatisation écrase les autres formes de culture et de loisirs.

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En 1986, la Coupe du Monde de Football se déroule du 31 mai au 29 juin au Mexique et voit la victoire de l'équipe d'Argentine emmenée par le maillot numéro 10, Diego Maradona alors au sommet de son art, à 25 ans. En 1984 le réalisateur français Jean-Pierre Mocky fustigeait les phénomènes de foule, et l’abrutissement des masses dans son film A mort l'arbitre avec Michel Serrault, Eddy Mitchell et Carole Laure. Deux ans plus tard, Jean-Pierre Mocky publie deux brûlots dans Le Matin et Libération contre la médiatisation et donc la dramatisation de ce sport dans lequel il n'y a, selon lui, ni enjeu ni danger avéré.

"C'est du chiqué !"

Aux sports qui impliquent une prise de risque, Jean-Pierre Mocky oppose les sports de connivence : " Je te passe le ballon, parce que tu auras 10 000 balles de plus de prime. Cela fait penser un peu au Tour de France où il y a des tas de combines. Ce sont des bons points qu'on se donne entre copains. C'est de la duperie vis-à-vis du public, c'est du chiqué !"

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"Le stade de foot est une cour de récréation"

Pour Jean-Pierre Mocky, l'arbitre est au départ un masochiste, un petit torero extrêmement vulnérable. "Il gagne 1800 balles par match, tarif syndical d'un acteur chez moi qui dirait "Bonjour monsieur !" Or il a la responsabilité de toute une soirée télé, la certitude de se faire engueuler par les perdants, et sa vignette ne se trouve pas dans les tablettes de chocolat". Serge Daney compare le stade de football à une cour de récréation où s'ébrouent des adolescents, qui se roulent par terre, se tombent dans les bras, sont punis par l'arbitre, parlent de "tirer un coup". Une familiarité et une simplicité qui rendent ce sport accessible à tous. Tellement accessible que l'on peut en parler sans être connaisseur, le matin au café du coin. Un sport démocratique.

"Je filmerais un match comme Hitchcock"

En termes de réalisation, Jean-Pierre Mocky éviterait les plans d'ensemble pour filmer en gros plan, comme dans un film policier, et disséquer les muscles, les visages, les caractères des joueurs dès les coulisses. Mais aussi les réactions des spectateurs, afin de réaliser une analyse sociologique du public et l'autopsie "à l'os" d'un match de foot.

  • Par Serge Daney
  • Réalisation Pierrette Perrono
  • Microfilms - Le Football selon Jean-Pierre Mocky (1ère diffusion : 20/07/1986)
  • Edition Web : Anne de Biran
  • Archive Ina- Radio France

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