Le James Webb Space Telescope détecte du CO2 dans l'atmosphère d'une exoplanète pour la première fois

La particularité de l'exoplanète Wasp-39b est d’être une Jupiter chaude, c'est-à -dire une planète gazeuse de plus de 1000°C… ©AFP - MARK GARLICK / SCIENCE PHOTO LIBRA / MGA / SCIENCE PHOTO LIBRARY VIA AFP
La particularité de l'exoplanète Wasp-39b est d’être une Jupiter chaude, c'est-à -dire une planète gazeuse de plus de 1000°C… ©AFP - MARK GARLICK / SCIENCE PHOTO LIBRA / MGA / SCIENCE PHOTO LIBRARY VIA AFP
La particularité de l'exoplanète Wasp-39b est d’être une Jupiter chaude, c'est-à -dire une planète gazeuse de plus de 1000°C… ©AFP - MARK GARLICK / SCIENCE PHOTO LIBRA / MGA / SCIENCE PHOTO LIBRARY VIA AFP
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Au menu de ce journal des sciences : de nouveaux exploits du James Webb, des loups changent de comportements lorsqu’ils sont infectés par un parasite, certains oiseaux s'automédiquent, et pour finir, les bébés les plus vieux du monde sont nés le mois dernier.

Il s’agit de WASP-39b, une exoplanète située à 700 années lumière de la Terre. Sa particularité est d’être une "Jupiter chaude" c'est-à-dire une planète gazeuse de plus de 1000°C. Une forte température qui dilate son atmosphère et qui la rend tout simplement plus facile à observer. C'est une des caractéristiques qui font de WASP-39b un modèle de l’étude de la composition atmosphérique des exoplanètes. On teste donc sur elle certaines observations, avant de s’attaquer à des petites planètes rocheuses.

Pour déterminer la composition de son atmosphère, les chercheurs utilisent ici la méthode dite “du transit” c'est-à -dire que la planète va passer devant son étoile, et en étudiant la lumière filtrée par son étoile, on peut remonter à la composition atmosphérique. En l'occurrence, cette exoplanète passe tous les quatre jours devant son étoile ! Ce consortium de 150 chercheurs a ainsi observé quatre fois la planète passer devant son étoile, avec quatre instruments différents, pour observer différentes longueurs d’ondes dans le proche infrarouge et ainsi détecter différents éléments chimiques.

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Résultats, six espèces chimiques différentes ont été identifiées : de l’eau, déjà observé par Hubble, du monoxyde de carbone, du potassium , du sodium mais surtout du dioxyde de carbone. C’est la première fois qu’on en observe ! Et deuxième surprise, du dioxyde de soufre, qui témoigne de photochimie, c'est-à-dire de la chimie initiée par le rayonnement de l'étoile, phénomène qui sur Terre a permis la formation de la couche d’ozone, et donc indirectement, de la vie. Ces résultats sont publiés dans cinq nouvelles études à paraître dans Nature ( 1 , 2 , 3 , 4 , et de 5)

Entretien avec Vivien Parmentier, professeur junior au Laboratoire Lagrange de l'université de la côte d'Azur et co-auteur des 5 nouvelles études

LES MATINS DE CULTURE - itw vivien parmentier JDS alex

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La science, CQFD
58 min

Les loups infectés par certains parasites ont plus de chances de devenir chefs de meute

Le parasite en question est Toxoplasma gondii, qui provoque la toxoplasmose. On sait que ce parasite se transmet aux loups en mangeant des proies contaminées comme les pumas ou les chats. On connaissait déjà son effet sur le comportement des rats par exemple, qui en étant infectés ont moins peur de leur prédateur, les chats. Cela constitue un “avantage” pour le parasite, car en rendant son hôte moins peureux et plus aventureux, il augmente ses chances d’être ingéré par un autre animal et donc a plus de chances de se répandre.

Ici, les chercheurs de l’Université du Montana ont voulu étudier si cette infection provoquait des changements similaires chez les loups gris. Ils ont suivi près de 230 loups du parc de Yellowstone pendant près de 27 ans. Ils ont prélevé des échantillons sanguins pour détecter une infection et ont corrélé le nombre d’infections avec leur histoire familiale et leur statut social.

Et il s’avère que les loups infectés étaient onze fois plus susceptibles que les loups non infectés d'abandonner leur famille de naissance pour en créer une nouvelle, et 46 fois plus susceptibles de devenir chefs de meute. Les auteurs pensent donc que, de la même manière que les rats, leur comportement des les loups infectés est modifié par le parasite. Ils spéculent également que dans le passé, les loups auraient ainsi pu avoir plus de risques d’être mangés par des lions américains, leur prédateur de la famille des panthères qui a disparu de la région il y a 11.000 ans.

La Science, CQFD
58 min

Pour lutter contre des parasites, certains oiseaux ont recours à l’automédication

Il y a un peu d’anthropomorphisme à parler d’automédication, mais en clair, certains animaux auraient tendance à se tourner vers certaines plantes pour se protéger. Ici, on s’intéresse à la grande outarde dont les mâles sont particulièrement sujets aux infections parasitaires pendant la période de reproduction.

Les chercheurs du muséum national des sciences naturelles d’Espagne ont collecté les déjections de ces oiseaux, dont plus d’un quart provenant de la période reproductrice. Il s’avère que les mâles ont davantage tendance à se nourrir de deux plantes pendant la période des amours : les coquelicots et la vipérine, plantes qui contiennent des composés chimiques ayant des effets antiparasitaires in vitro, en laboratoire. Donc, ce n’est pas tout à fait une preuve, mais plutôt un indice potentiel de l’utilisation de plantes pour leurs propriétés médicinales par les animaux. Car on ne sait pas comment les outardes les repèrent, ni quels sont leurs véritables effets sur leur système immunitaire.

La naissance des bébés les plus vieux du monde

C’est le surnom de ces jumeaux, Lydia et Timothy, nés il y a près d’un mois aux Etats-Unis, le 31 octobre dernier, mais conçus en avril 1992. Ils sont donc nés d'embryons congelés il y a plus de 30 ans. Il s’agit d’un record pour l’instant. Comme tous les embryons, ils ont été “fabriqués” puis congelés dans de l’azote liquide à -200°C… Habituellement, on limite cette cryoconservation à 5 ou 10 ans… mais on sait que la congélation n’altère pas la qualité des cellules jusqu’à au moins trois décennies, ce qui est le cas ici.

La Méthode scientifique
58 min

Merci à Vivien Parmentier pour ses précieuses explications

Pour aller plus loin

Les cinq études sur la composition atmosphérique de WASP-39b ( 1, 2, 3, 4, et de 5, à paraître prochainement dans Nature)

Le télescope spatial James Webb nous plonge dans l’atmosphère de cette exoplanète (Numerama)

L’étude sur le changement de comportement des loups quand ils sont infectés (Nature, en anglais)

Un parasite donne aux loups ce qu'il faut pour être des chefs de meute (Nature, en anglais)

Comme nous, la grande outarde pourrait avoir recours à l'automédication (Sciences et Avenir)

Naissance des « plus vieux bébés du monde » (Science Post)

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