Iran, Chine, Russie… Comment vacillent les dictatures ?

Vladimir Poutine s'entretient avec le président chinois Xi Jinping lors du 22e Sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai en Ouzbékistan le 16/09/2022 ©Maxppp - SERGEI BOBYLEV
Vladimir Poutine s'entretient avec le président chinois Xi Jinping lors du 22e Sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai en Ouzbékistan le 16/09/2022 ©Maxppp - SERGEI BOBYLEV
Vladimir Poutine s'entretient avec le président chinois Xi Jinping lors du 22e Sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai en Ouzbékistan le 16/09/2022 ©Maxppp - SERGEI BOBYLEV
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Avec Florian Louis, historien des relations internationales, auteur de Le Grand Continent, coauteur de L’Histoire mondiale du XXe siècle, auteur de Qu’est-ce que la Géopolitique ? (PUF 2022) Dominique Moïsi, conseiller spécial de l’Institut Montaigne, professeur au King’s College de Londres

Avec
  • Florian Louis Historien, auteur d'une thèse sur l'histoire du concept de géopolitique
  • Dominique Moïsi Géopolitologue, membre fondateur de l'IFRI (Institut Français des relations internationales)

Chine : une société qui aspire à plus de liberté ?

Dominique Moïsi souligne que, en Chine, “le pouvoir a été pris complètement par surprise, par le ras-le-bol de l’opinion publique devant les restrictions imposées par le pouvoir en raison du Covid. Et ça s’est multiplié comme une traînée de poudre”.

Ce mouvement de contestation répond à une demande d’ordre démocratique explique Florian Louis : “le Parti Communiste chinois est un mastodonte de plus de 100 millions d’adhérents qui maille tout le pays, et qui est capable à la fois d’assurer un encadrement de la population et sans doute aussi une forme de soutien à celle-ci. Aujourd’hui en Chine on voit un peu le revers de la médaille de ce succès. Plus une société se développe et s’enrichit, plus une population s’éduque, plus elle va avoir des revendications notamment d’ordre démocratique”. Mais l’historien ajoute : “il est très compliqué pour les dirigeants chinois actuels d’aller sur une pente qui accorderait une trop grande place à une forme de liberté d’expression, et de participation de la population à la prise de décision”.

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Russie : la défaite en Ukraine signerait-elle la fin de Vladimir Poutine ?

Dominique Moïsi avance que “pour la situation actuelle, on peut se poser la question de savoir si la défaite militaire de la Russie en Ukraine aura le même impact sur la Russie de Poutine que la défaite subie 1905 face au Japon. Sans leur empire, ils ne sont plus Russes : c’est cela qu’essaye de vendre Vladimir Poutine à sa population dans le prolongement de l’histoire impériale de la Russie”.

Par comparaison avec la Chine et l’Iran, Florian Louis affirme que la contestation russe prend une forme différente : “ce qui est frappant, c’est qu’en Russie, il y a peu de monde dans la rue parce que c’est un régime où l'on peut s’enfuir, aller à l’étranger. Donc la manière de protester est un peu différente”. Concernant l’Ukraine, l’historien souligne : “c’est presque plus la guerre de Poutine que la guerre de la Russie. Si la défaite se confirme, ça va forcément tanguer, mais le plus probable, c’est que peut-être ça tangue avant tout pour lui.

Iran : quelle alternative au pouvoir des mollahs ?

Pour Dominique Moïsi, entre la Chine, la Russie et l’Iran, ce dernier apparaît comme “le plus vulnérable“. "Cela fait longtemps que la contestation est là et elle commence à déborder les capacités du pouvoir à réprimer”, explique-t-il avant d’ajouter : “j’ai tendance à croire ces femmes qui incarnent la résistance et qui disent que cette fois-ci c’est différent. On est à un tournant. Le printemps perse est en train d’arriver”.

Florian Louis, de son côté, nuance plutôt : “la meilleure chose à souhaiter, plus qu’une révolution, c’est que cette pression populaire aboutisse à des changements, que des personnalités nouvelles apparaissent et puissent contribuer à faire évoluer dans un sens plus positif. Quand tout s’effondre d’un seul coup, le risque est de partir en quête de l’homme fort, d'essayer de rétablir de l’ordre. Dans ces cas-là, on part pour une dictature souvent pire que la précédente”.

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