Les chercheurs ont longtemps cru que l’art était né en Europe, il n’en est rien ! Nous savons désormais que cette émergence fut mondiale… Pour autant, surgirait-il d’un coup d’un seul, ou tout au contraire, pourrions-nous en percer ses balbutiements ?
- Patrick Paillet Archéologue, préhistorien, maître de conférences du Muséum national d'histoire naturelle (MNHN)
- Éric Robert Archéologue, préhistorien, spécialiste de l'art rupestre préhistorique, maître de conférences au Muséum national d'histoire naturelle (MNHN).
Le Musée de l’Homme rassemble aujourd’hui quelque 90 merveilles, pièces originales exposées pour l’occasion, dont la vénus de Lespugue, en majesté, mais aussi des chefs-d’œuvre provenant des grottes d’Isturitz, d’Enlène, de la Marche, du Mas-d’Azil, ou de l’abri du Rocher de l’impératrice.
Patrick Paillet "Il n'y a pas d'art préhistorique, il y a "des" arts de la préhistoire, c'est déjà une première chose. Les arts de la préhistoire sont des manifestations graphiques plastiques qui inondent de par le monde tous les types de supports depuis au moins 45 000 ans, peut être plus. [...] Quand Sapience peuple, petit à petit, les différents continents, il va imprégner sa présence dans la nature, sur les objets, au travers d'images tirées de la nature, de son environnement et de son propre imaginaire."
Éric Robert "Ces arts de la préhistoire ne sont pas une copie de cette nature et de cet environnement. En revanche, ils sont une inspiration directe. On y retrouve principalement et notamment les animaux, ceux qui sont présents dans leur environnement. Mais ces arts sont aussi "inscrits" dans leur paysage et dans leur environnement, qu'il s'agisse des grottes, des abris, des parois de plein air, toutes ces figures, ces représentations, ces peintures, ces gravures, elles prennent corps et sens sur des parois, sur des roches."
Éric Robert "Il y a des toutes petites statuettes, parfois très étonnantes, d'à peine un ou deux centimètres de haut et au contraire des bâtons percés ou des propulseurs, beaucoup plus majestueux. Et ces derniers, justement, sont aussi des objets du quotidien, parce que ce ne sont pas "que" des objets d'art. Ce sont aussi des outils, des armes, des objets qui leur servaient pour la chasse, pour travailler les peaux, pour fabriquer des outils."
L’exposition « Arts et Préhistoire » souhaite mettre en lumière « le génie créatif de nos ancêtres du Paléolithique supérieur, […] mais aussi de la Préhistoire plus récente, et illustrer les liens profonds que les humains du passé entretenaient avec la nature ». Toutefois, à l’évidence, l’ambition des artistes n’était pas seulement de copier le réel. Il nous faut alors réfléchir à l’imaginaire de ces artistes préhistoriques.
Patrick Paillet "Les humains sont plus rares dans l'iconographie et sont surtout assez souvent transformés. Ils sont animalisés, bestialisés, bien souvent, et les têtes présentent des prognathismes particuliers qui ne répondent pas du tout évidemment aux critères anatomiques d'Homo sapiens. Les corps sont parfois un tout petit peu torturés, mais surtout ces humains sont souvent fragmentés et rarement représentés complets."
Dessine-moi un… bison !
Les toutes premières représentations d'animaux s'avèrent souvent celles d’animaux dangereux, le lion notamment comme l’ont révélé les grottes du jura souabe, notamment celle de Vogelherd Heidenheim (Allemagne). Par la suite, durant les périodes plus récentes, de nouveaux choix culturels s'opèrent, les parois des cavernes s’animent alors de cortèges de chevaux, de bisons. En revanche, l’antilope saïga, le loup, le renard, la belette, ou encore les phoques y sont souvent exceptionnels.
>>> A visiter, l'exposition " Arts et préhistoire" au Musée de l'Homme du 16 novembre 2022 au 22 mai 2023. Vidéo de présentation de l'exposition (chaîne you tube du Musée de l'Homme).
>>> A visionner et écouter, la conférence de Patrick Paillet et Éric Robert, commissaires de l'exposition "Arts et préhistoire", Sapiens, artiste sans frontières, donnée le 30 novembre 2022 (chaîne You tube du Musée de l'Homme).
Pour aller plus loin
- Page de Patrick Paillet (site du laboratoire du CNRS, MNHM - UPVD, Histoire naturelle de l'Homme préhistorique). Sa page sur le site Babelio.
- Page d' Éric Robert (site du laboratoire du CNRS, MNHM - UPVD, Histoire naturelle de l'Homme préhistorique). Et sa page sur le site de l'ArScAn (Archéologies et Sciences de l'Antiquité).
- Page wikipédia de la Vénus de Lespugue, et celle du Muséum National d'Histoire Naturelle.
- Article de Pierre Barthélémy, La Vénus de Lespugue, star de la préhistoire (Le Monde, Août 2021) - intégralité de l'article réservée aux abonnés.
- Page wikipedia et page de la grotte du Mas d'Azil sur Marthe et Saint-Just Péquart, archéologues (cités dans l'émission).
- Page de la grotte de Bédeilhac, en Ariège (citée dans l'émission).
- Page sur la Vénus de Grimaldi (citée dans l'émission).
- Page sur la grotte Chauvet (citée dans l'émission).
- Abri et grotte de Laugerie-Basse en Dordogne (cité dans l'émission).
- Musée de Sainte-Croix à Poitiers (cité dans l'émission).
- La grotte Blanchard à Saint-Marcel (36) - et le musée et site archéologiques d'Argentomagus (cité dans l'émission).
- Centre de préhistoire et grotte de Pech Merle (Lot) (cités dans l'émission).
Éric Robert "Le cheval, c'est un peu la clé de voûte. C'est celui qui porte notamment tout cet art paléolithique, en tout cas pour les périodes les plus anciennes, parce qu'il faut à chaque fois se replonger dans ces contextes et dans ces environnements. Chevaux, bisons, cervidés, le mammouth aussi."
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