A-t-on laissé le service public dépérir ?

Une vue générale d'une école élémentaire où un panneau informant que l'école sera fermée à partir du 16 mars 2020 est accroché à la porte d'entrée le 14 mars 2020 à Paris, France ©Getty - Marc Piasecki
Une vue générale d'une école élémentaire où un panneau informant que l'école sera fermée à partir du 16 mars 2020 est accroché à la porte d'entrée le 14 mars 2020 à Paris, France ©Getty - Marc Piasecki
Une vue générale d'une école élémentaire où un panneau informant que l'école sera fermée à partir du 16 mars 2020 est accroché à la porte d'entrée le 14 mars 2020 à Paris, France ©Getty - Marc Piasecki
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De l’hôpital à l'Education nationale, la fonction publique fait face à d'importantes pénuries de personnel. Comment en est-on arrivé là ? Entre perte de sens et rémunérations insuffisantes, comment retrouver le goût du service public ?

Avec

Avec Martin Hirsch, haut fonctionnaire, ancien directeur général de l’APHP (2013-2022), ancien président de l’Agence du service civique, désormais vice-président exécutif de Galileo global éducation, et Lucie Castets, co-porte-parole du collectif Nos Services Publics.

Une dévalorisation de longue date du service public

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Lucie Castets, rappelle : “il y a un manque global de moyens et d’effectifs qui rend le travail dans le service public extrêmement difficile au quotidien. Et il y a une raison structurelle, presque culturelle, liée au fait qu’on a dévalorisé pendant longtemps le service public, on l’a présenté sous l’angle du coût. On a arrêté de le voir comme un service qui servait à l’intérêt général. Cela a conduit à ce que les gens progressivement se détournent du service public. Alors même qu’on sait que les gens qui rejoignent le service public le font pour servir l’intérêt général”.

La nécessité de réformer et de transformer le service public

Martin Hirsch, qui a dirigé l'APHP entre 2013 et 2019, affirme : “les services publics ont besoin d’un certain nombre de transformations, pour les adapter à la fois aux aspirations de ceux qui veulent y travailler et aux besoins du public”. Il évoque la question de la rémunération : “Sur certains métiers de la justice, de l’éducation, de la santé, on constate un vrai manque de prise en compte du coût de la vie dans les territoires. L’uniformité du statut de la fonction publique, qu’on ne retrouve pas dans d’autres pays qui sont attachés au service public, pose un problème”. Lucie Castets quant à elle affirme : “les fonctionnaires sont très mal payés en France par rapport aux autres pays de l’OCDE et de l’Union européenne. Mais ce n’est pas le seul facteur qui explique le manque d’attractivité, il y a aussi une question de moyens généraux qui sont donnés au service public”.

Comme l’explique Martin Hirsch : “le service public ne rime pas avec administration. Dans des fonctions dans lesquelles il faut produire du soin, travailler de nuit, il y a toute une série de choses à faire au niveau des publics. Le service public peut peut-être proposer d’autres types de carrières, d’autres types de cadres que celui, très rigide, qui a été conçu pour des administrations du siècle dernier. Sinon, on donne des arguments à celles et ceux qui disent que la clinique va mieux fonctionner que l’hôpital si elle a plus de souplesse”. Mais Lucie Castets alerte sur le fait que le service public doit conserver un fonctionnement qui ne soit pas calqué sur celui de l’entreprise : “je ne dis pas que le service public fonctionne de manière idéale. Simplement, je pense qu’on ne peut pas traiter le service public comme on traite une entreprise. Les indicateurs qui pourraient conduire à l’introduction d’une notion de rentabilité n’est pas une idée pertinente”.

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