AFD et le nazisme : la stratégie de l’ambiguïté : épisode • 1/4 du podcast Partis d’extrême droite : une certaine idée de l’Histoire

Un ballon avec le logo du Parti de l'AFD (Alternative pour l'Allemagne) flotte au-dessus du château de Charlottenburg lors d'un évènement de campagne du Parti pour les élections législatives allemandes, Berlin, le 24/09/21 ©AFP - Tobias Schwarz
Un ballon avec le logo du Parti de l'AFD (Alternative pour l'Allemagne) flotte au-dessus du château de Charlottenburg lors d'un évènement de campagne du Parti pour les élections législatives allemandes, Berlin, le 24/09/21 ©AFP - Tobias Schwarz
Un ballon avec le logo du Parti de l'AFD (Alternative pour l'Allemagne) flotte au-dessus du château de Charlottenburg lors d'un évènement de campagne du Parti pour les élections législatives allemandes, Berlin, le 24/09/21 ©AFP - Tobias Schwarz
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L'AFD est née il y a 10 ans, en 2013. Créé en réaction à la politique de Merkel et en refus de l'euro, le Parti a développé une rhétorique anti-immigration et anti-islam. S'il se défend d'être néonazi, certaines déclarations de ses dirigeants témoignent d'un rapport ambigu à l'histoire du nazisme.

Avec
  • Hélène Miard-Delacroix Professeure d'histoire et de civilisation de l'Allemagne contemporaine à Sorbonne Université
  • Cécile Leconte Politiste, professeure des universités à Science-Po Lille
  • Bénédicte Laumond Maîtresse de conférences en sciences politiques à l’Université Versailles Saint Quentin, rattachée au CESDIP

Il y a 90 ans, le 30 janvier 1933, une foule silencieuse s’est rassemblée près de la chancellerie à Berlin en attendant la fin des tractations. Le président Von Hindenburg n’a pas décidé à qui il confiera le poste de chancelier suite aux élections, rien n'est encore écrit. Quelques heures plus tard, Adolf Hitler, 43 ans, devient chancelier de la République de Weimar, dans la légalité définie par la Constitution et avec la suite que l’on connaît.

Après la seconde guerre mondiale, l’ Allemagne mène un long travail de mémoire pour que jamais quiconque ne puisse se reconnaître ni se revendiquer à nouveau de l’idéologie nazie. Mais des groupuscules terroristes d’extrême-droite réapparaissent dans les années 90.

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Politiquement, un tabou saute en 2014 quand le parti d’extrême-droite AFD (Alternative Für Deutschland) fait son entrée dans quelques parlements régionaux, puis en 2017 au Bundestag. Si l’AFD réfute toute affiliation au national-socialisme, certains de ses dirigeants manient l’ambiguïté, déplorant les discours de culpabilité liés à la période nazie.

Quel rapport l’AFD entretient-elle avec cette période de l’histoire allemande ? Comment cette idéologie s’impose-t-elle dans le cadre démocratique allemand ?

Pour répondre à ces questions, Julie Gacon reçoit Hélène Miard, professeure d'histoire et de civilisation de l'Allemagne contemporaine à la Sorbonne université ainsi que Cécile Leconte, maîtresse de conférences en science politique, directrice de recherche à l'IEP de Lille et chercheuse au CERAPS-CNRS.

"Au lieu du terme de "société", certains groupuscules d'extrême-droite ainsi que l'AFD utilisent le terme de "collectivité". Il est au fondement de la pensée nazie selon laquelle le vouloir vivre ensemble, la société, n'existe pas. La pensée nazie développe plutôt l'idée d'une collectivité de gens apparentés, ethniquement purs, qui subissent une menace extérieure raciale", observe Hélène Miard.

"L'AFD ne peut certainement pas être qualifiée de négationniste, mais plutôt de révisionniste", affirme Cécile Leconte.

Seconde partie : le focus du jour

Pour lutter contre l’extrême-droite, la prévention plutôt que la répression

Face à la recrudescence des crimes d’extrême-droite dans les années 90, l’Allemagne revoit sa politique de lutte contre l’idéologie d’extrême droite. De la répression, jugée inefficace, elle passe à la prévention, en tentant de mobiliser la société civile et de dédier notamment des fonds à l’éducation populaire. Une spécificité qui se retrouve aujourd'hui beaucoup dans les musées et lieux culturels liés à la période nazie, qui doit faire face à la montée des provocations. Comment s’est organisée cette prévention ?

Avec Bénédicte Laumond, maîtresse de conférence en science politique à l’Université Versailles Saint Quentin, rattachée au CESDIP.

"Des espaces culturels prônant les valeurs de la démocratie libérale reçoivent des demandes de l'AFD et d'autres groupes d'extrême-droite pour organiser des évènements sur les lieux de mémoire. Certains acteurs refusent en invoquant l'opposition de ce Parti ou de ces groupes à leurs valeurs démocratiques et européennes", explique Bénédicte Laumond.

Une émission préparée par Bertille Bourdon.

Références sonores et musicales

  • Alexander Gauland, dirigeant de l'AFD, s'exprime sur les crimes d'Hitler ( Jung & Naiv - 11/05/17)
  • Témoignage d'un militant de l'AFD
  • Nuremberg préserve ses édifices nazis par devoir de mémoire ( Euronews - 13/11/20)
  • "Sunshine recorder" de Boards of Canada

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