Vivre ou survivre dans la rue ? Une histoire de la pauvreté : épisode • 2/4 du podcast La rue, une histoire

Marchande de fleurs à Londres vers 1900. ©Getty - London Stereoscopic Company/Hulton Archive
Marchande de fleurs à Londres vers 1900. ©Getty - London Stereoscopic Company/Hulton Archive
Marchande de fleurs à Londres vers 1900. ©Getty - London Stereoscopic Company/Hulton Archive
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Chanteuse de rue, crieur, marchande ambulante ou aiguiseur de couteaux, les métiers de rue sont l'apanage des classes populaires, qui multiplient les activités pour compléter leurs maigres salaires et échapper à la pauvreté. Entre errance, mendicité et débrouillardise, comment survivre dans la rue ?

Avec

Dans les années 1890, le chansonnier Aristide Bruant fait paraître un recueil de ses chansons qu’il intitule Dans la rue. À la Villette et à Batignolles, à Montparnasse et à la Roquette, c’est toute une galerie de personnages que nous croisons… Un philosophe et un sonneur, un récidiviste et un gréviste, Nini peau d’chien aussi et quelques greloteux.

Vivre de et par la rue, une économie de la débrouille

La rue au XVIIIe siècle est le théâtre de l'économie populaire : marchés de seconde main, boutiques ambulantes, vente à la sauvette, travailleurs – et travailleuses – au jour la journée. Multiplier les entrées d'argent est une stratégie de survie répandue dans l'Ancien Régime, tant la société et ses salaires insuffisants entretiennent la précarité.

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La mendicité est également une pratique courante, comme aide d'appoint, et ne concerne pas uniquement les plus pauvres : il est fréquent de frapper aux portes ou d'attendre à l'entrée d'un couvent pour recevoir la charité. Pour l’historienne Laurence Fontaine, "le pauvre à l’époque moderne est celui qui n’a que son travail pour vivre. À partir de ce moment-là, la moindre maladie, le moindre manque de travail, font de vous un pauvre. C’est pourquoi toutes les classes populaires sont menacées de pauvreté".

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"Bons" et "mauvais" pauvres, une condition qui effraie

Alors que l'idée d'assistance puis d'aide sociale fait lentement son apparition au XIXe siècle, le regard des élites et des autorités sur les personnes pauvres est influencé par la valeur accordée au travail : les "mauvais" pauvres seraient ceux en capacité de travailler mais qui, prétendument, préfèrent l'oisiveté à l'effort. Toute influence conjoncturelle – guerre, baisse d'activité, crise économique, chômage – est niée. L’historienne Axelle Brodiez-Dolino pose la question de savoir si les personnes qui vivent dans la rue sont en situation d'exclusion ou bien si elles font partie intégrante de la société : "Les personnes sans-abri sont-elles radicalement, autres ou peut-on s’identifier à elles ? Tout ce que la sociologie et l’histoire nous montrent, c’est que ce ne sont pas des autres, mais des nous-mêmes, des individus qui ont tout simplement été victimes".
La répression et les discriminations à l'encontre des "vagabonds" sont tenaces mais s'étiolent à mesure que la compassion et l'empathie gagnent les mentalités.

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🎧 Pour en savoir plus, écoutez l'émission…

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Pour en parler

Laurence Fontaine est historienne, directrice de recherche au CNRS et rattachée au Centre Maurice Halbwachs, spécialiste des migrations, des cultures et des pratiques de l'économie dans l'Europe moderne.
Elle a notamment publié :

Axelle Brodiez-Dolino est historienne, directrice de recherche au CNRS et codirectrice du Centre Norbert Elias à Marseille, spécialiste de l’histoire des politiques publiques au XXe siècle, du sans-abrisme et des recompositions contemporaines de la pauvreté.
Elle a notamment publié :

Références sonores

  • Extrait du film Viens chez moi, j'habite chez une copine de Patrice Leconte, 1981
  • Archive de l'adaptation radiophonique du roman Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, ORTF, 23 avril 1957
  • Lecture par Jeanne Delecroix du Tableau de Paris de Louis-Sébastien Mercier, 1781
  • Chanson Petits métiers par Juliette, 1993
  • Archive de l'émission Il y a dix ans, Édith Piaf avec la comédienne Odette Laure, France Inter, 17 septembre 1973
  • Générique de l'émission : Origami de Rone

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